Airbus : l’enquête du SFO britannique pourrait être conclue assez rapidement

Du nouveau dans l’enquête ouverte par le Royaume-Uni contre Airbus. Lequel est soupçonné de fraude, pots-de-vin et corruption dans son activité aviation civile dans le cadre de recours à des intermédiaires pour la vente d’appareils à l’export.

Le dirigeant du Serious Fraud Office (SFO), l’agence britannique chargée de la lutte contre la corruption, a déclaré mercredi travailler de concert avec les autorités françaises dans le cadre de la procédure visant le constructeur aéronautique et espérer pouvoir conclure l’enquête « assez rapidement ».

S’exprimant dans le cadre d’un entretien avec Reuters, David Green a indiqué que l’agence avait discuté avec les Français et continuait de le faire. Il s’est toutefois refusé à préciser si la SFO était également en contact avec le département américain de la Justice, indiquant seulement que l’agence échangerait avec « toute partie intéressée. »

En août dernier, des sources proches du dossier avaient indiqué que l’enquête portait sur des contradictions dans des montants de commissions de consultants mentionnés dans des demandes d’aide à l’export ou l’absence d’indications sur l’identité de certains tiers, certains cas remontant à des années.

Si Airbus  a dit coopérer pleinement avec les autorités britanniques, David Green a indiqué qu’il était trop tôt pour savoir si le groupe aéronautique pourrait négocier un arrangement avec la justice en vue d’échapper à une sanction pénale.

En avril dernier, l’UKEF – organisme dont les mission sont proches de la Coface française – qui avait préalablement accordé des crédits-export à Airbus Group, avait dénoncé des irrégularités au Serious Fraud Office. L’UKEF reproche à Airbus de ne pas avoir mentionné, dans ses demandes de crédits-export, le rôle joué par certains intermédiaires dans l’obtention des commandes concernées.

Début juin, des poursuites judiciaires pour corruption ont également été engagées en France contre le groupe industriel, dans le cadre d’un contrat de vente d’hélicoptères au Kazakhstan. Une commission occulte de 12 millions d’euros destinée au premier ministre kazakh avait alors été évoquée. Une affaire qui s’ajoutait déjà à de nombreuses autres. Outre le Kazakhgate, la justice britannique enquête depuis 2012 sur des soupçons de versements de pots-de-vin qui auraient été versés par Airbus Group pour obtenir un contrat de communications militaires en Arabie saoudite.

En 2015, Mediapart révélait une autre affaire de possibles commissions occultes, liée à un gigantesque contrat de vente d’avions à la Chine. Le dossier a finalement été classé sans suite par le parquet de Paris pour des motifs techniques, au terme d’une enquête préliminaire légère, sans perquisition au siège d’Airbus.

Ces affaires avaient conduit le PDG allemand du groupe, Thomas Enders a lancé l’an dernier un audit approfondi  de tous les contrats conclus par le SMO (Strategy & Marketing Organisation), le service dirigé par Jean-Pierre Talamoni en charge des intermédiaires et des campagnes export. Thomas Enders a, dans la foulée, démantelé le SMO et poussé plusieurs de ses membres au départ. Mais la réforme n’aura vraisemblablement pas permis d’empêcher cette  nouvelle affaire au Royaume-Uni.

Sources : AFP, Intelligence Online

Elisabeth Studer – 12 octobre 2016 – www.leblogfinance.com

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