Allemagne : consommateurs et concessionnaires inquiets de la dépréciation des véhicules

Sauve qui peu chez les automobilistes allemands. Alors que des villes de plus en plus nombreuses interdisent la circulation de véhicules diesel, ils redoutent que leurs voitures ne se déprécient. Et se ruent donc vers les concessionnaires pour tenter de limiter leur perte à la revente. Ne faisant qu’augmenter les stocks des concessions qui n’avaient vraiment pas besoin de cela …

Car selon des estimations de la Fédération allemande des concessionnaires (ZDK), 300.000 voitures diesel attendent de trouver acquéreur outre Rhin. Estimé à une valeur moyenne de 5.000 euros, cela représente la coquette somme de 4,5 milliards d’euros immobilisés sur des parkings … En juin, un véhicule diesel  attendait 95 jours en moyenne avant d’être vendu, contre seulement 80 jours en juin 2016, selon  les statistiques mensuelles de ventes.

Le consommateur est inquiet

Thomas Peckruhn, vice-président du ZDK, enfonce le clou. Après avoir fait le douloureux constat que ces véhicules étaient à vendre, compte-tenu de l’inquiétude grandissante des clients, il demande aux politiques de donner des signaux clairs au lieu de menacer les citoyens allemandes d’interdiction de diesel dans les villes allemandes. Sans cela,
«  l’angoisse des consommateurs augmentera aussi vite que la pression sur les prix » prévient-il.

Sans amélioration réelle des taux d’émissions des véhicules, plusieurs dizaines de communes menacent toujours d’interdire la circulation des voitures diesel dans les prochains mois. De quoi semer désormais l’angoisse au sein des automobilistes soucieux de la potentielle dépréciation de leurs voitures, ou d’une éventuelle mise au rebut, faute de pouvoir s’en servir. Selon le cabinet d’études spécialisé DAT, 29 % d’entre eux souhaiteraient se séparer le plus rapidement possible de leurs biens. De leur coté, 77 % des concessionnaires estiment que les véhicules incriminés devront inévitablement être dépréciés.

La valeur des modèles diesel en forte baisse

Selon l’association fédérale des concessionnaires indépendants (Bundesverband freier Kfz-Händler), les prix des voitures diesel d’occasion auraient chuté de 5 à 30% en Allemagne depuis septembre 2015 et le début du scandale Volkswagen.Selon Ansgar Klein, président de l’association, la question est d’autant plus alarmante que certains consommateurs ont pris des garanties de prix sur le long terme pour les retours de véhicules en leasing. De plus, le prix de la location longue durée est calculé en tenant compte de la valeur résiduelle du véhicule en fin de leasing.

Alors que les élections approchent à grands pas en Allemagne, Angela Merkel  fait du secteur automobile et du diesel un enjeu crucial du prochain scrutin. Après avoir admis récemment que la fin du diesel était inéluctable, la chancelière a toutefois mis de l’eau dans son vin, redoutant à la fois des incidences financières conséquentes pour les constructeurs et les consommateurs. Au final, qui devra supporter la dépréciation fort prévisible des véhicules : les constructeurs ou les consommateurs ? Le dossier s’avère aussi crucial qu’épineux, alors que l’industrie automobile allemande est grand pourvoyeur d’emploi mais que les particuliers ne sauraient supporter une perte trop importante de leur pouvoir d’achat.

Certes, début août, les constructeurs ont accepté de mettre à jour – à leurs frais – les logiciels de 5 millions de voitures diesel en vue de réduire leurs émissions. Mesures que la ministre allemande de l’Environnement estime néanmoins insuffisantes. Elle demande désormais que soit installé un équipement dont le coût par véhicule s’élève à plus de 1.500 euros. Une requête reprise à leur compte par les concessionnaires qui souhaitent que Volkswagen, Daimler ou BMW agissent en ce sens.

« Si les constructeurs veulent assumer leur responsabilité d’auteurs de la crise du diesel, ils devraient le plus possible s’occuper du développement de solutions de réparation efficaces », estime pour sa part le président du ZDK, Jürgen Karpinski.

« Der Spiegel » laisse entendre quant à lui que si le ministère des Transports s’affichait initialement du côté des constructeurs, il pourrait avoir changé son fusil d’épaule. Et demander de l’informer sur les possibilités théoriques de réparation. Ce qui ne pourrait être qu’une première étape.

Sources : ZDK, Les Echos, Der Spiegel, Presse allemande

Crédit Photo : VW

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