Analyse et Stratégie : Amundi voit la fin de cycle s’approcher et opte pour une allocation stratégique défensive

Les marchés sont actuellement « enivrés » par les banques centrales alors qu’on s’attendait à davantage d’inflation cyclique, suivie par une remontée des taux de la Fed en 2018. Au lieu d’un tel scénario, les institutions monétaires ont retrouvé leur rôle assurantiel, plongeant les Etats-Unis dans le plus long cycle de leur histoire et le taux français à 10 ans temporairement dans le négatif. Ce prolongement de cycle est à l’origine d’une « revalorisation des actifs financiers sur la base d’un nouveau paradigme », auquel Amundi s’est intéressé pour définir sa nouvelle allocation stratégique, qui sera défensive. En effet, si « nous ne sommes pas à la fin du cycle, nous sommes en fin de cycle », avançait Raphaël Sobotka (responsable de la gestion flexible, risk premia et solutions de retraite), avec un scénario de risque baissier de plus en plus probable et des risques qui n’ont pas disparu malgré l’assurance des banques centrales.

Qu’en est-il des risques ? Le risque politique a pu être sous-estimé ces dernières années, notamment au vu de la bonne surprise sur les marchés après l’élection du président américain. Aujourd’hui, il semble y avoir un « wake up call » généralisé, face aux tensions au Moyen-Orient, à la guerre commerciale… L’incertitude politique atteint des niveaux élevés. Le risque de liquidité, lui, est d’autant plus alarmant qu’il est couvert par une « illusion de la liquidité », (puisqu’elle apparaît abondante, elle cesse d’être un sujet), pourtant, « il n’y a pas tant d’acheteurs qu’on a tendance à le croire pour du High Yield [dette à haut rendement]», avançait Vincent Mortier (directeur adjoint des gestions). Un autre risque concerne le creusement des inégalités. Les salaires ont peu progressé, tandis que les classes très aisées captent l’essentiel de la nouvelle richesse financière, tout ceci dans un contexte où la croissance domestique se maintient grâce à la consommation dans le monde développé. Enfin, il y a la question de la dette à rembourser, alors qu’aujourd’hui les flux de revenus ont tendance à payer des coûts courants.

Prudence et préférence pour le crédit face à l’action

Amundi mise donc sur une allocation « défensive » face à ses prévisions d’une phase de fin de cycle. La maison de gestion se montre prudente sur les actifs risqués et privilégie le crédit par rapport à l’action. Côté obligations, elle adopte une stratégie de « portage », avec des titres de haute qualité et une duration neutre. Les obligations d’Etat core étant en forte demande, leur rendement est devenu extrêmement bas (US, Bund). Mais les mesures accommodantes de la BCE pourraient profiter au marché des obligations périphériques, sur lequel les rendements sont plus élevés. Amundi poursuivra sa stratégie en optant pour du crédit européen Investment Grade (de qualité élevée), ainsi qu’une très grande sélectivité sur le High Yield, de préférence en Europe également, où il est « mieux positionné qu’aux Etats-Unis en termes de rendement et de perspectives de défaut ». Côté action, là aussi, l’allocation sera défensive : des valeurs cycliques en Europe, de qualité aux Etats-Unis, et une grande sélectivité des titres dans le monde émergent.


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