Analyse et Stratégie : Le bitcoin, là où en Bourse le comportement moutonnier est maintenant le plus flagrant

A voir la chute du bitcoin aujourd’hui, les résultats de la dernière enquête de Bank of America Merrill Lynch – celle de décembre – sur le sentiment de la Bourse, envoyés aux clients de la banque hier, sonnaient comme un avertissement. Selon la « Global Fund Manager Survey », une référence dans le monde de la finance puisque construite à partir des réponses de 172 investisseurs qui détiennent ensemble sous gestion 480 milliards de dollars, la position long bitcoin, c’est-à-dire l’achat de la cryptomonnaie, est celle qui est jugée la plus « surpeuplée ». Donc dangereuse.

On dit en Bourse qu’une position est, en anglais, « crowded » quand les intervenants de marché, nombreux, détiennent en masse des positions similaires faisant craindre un retournement imminent, le flux acheteur, faute de liquidités nouvelles, ne trouvant plus à se nourrir : ceux séduits par cet actif sont déjà largement investis, n’ont plus les fonds pour acheter davantage, quand les autres investisseurs, qui pourraient être appâtés par l’historique de gains, craignent d’être les « gogos » qui arrivent quand la fête touche à sa fin.  

Le bitcoin passe devant le Nasdaq au premier rang des positions considérées comme les plus « surpeuplées », selon la dernière enquête de Bank America Merrill Lynch.

Le bitcoin passe devant le Nasdaq au premier rang des positions considérées comme les plus « surpeuplées », selon la dernière enquête de Bank America Merrill Lynch.

Le bitcoin passe devant le Nasdaq au premier rang des positions considérées comme les plus « surpeuplées », selon la dernière enquête de Bank America Merrill Lynch.

 | Crédits photo : BoAML

C’est la deuxième fois cette année que les investisseurs interrogés par BoAML citent la position long bitcoin comme la plus « surpeuplée » ; la première fois, c’était en septembre… Depuis, la cryptomonnaie a visité de nouveaux sommets. Seulement, cette fois, le nombre des panellistes inquiets dépasse les 30% ; ils sont maintenant un sur trois (32%) à considérer le bitcoin comme le trade où le comportement moutonnier est le plus flagrant. Avant cela, durant les quatre premiers mois de 2017, c’étaient les positions acheteuses sur le dollar qui étaient pointées du doigt (avec comme résultat que, finalement, le billet vert est en forte baisse de 9% sur l’année). Puis vint le tour de l’indice Nasdaq des valeurs technologiques américaines. Maintenant, l’allocation en faveur de la « Tech » est retombée à son plus bas niveau depuis juin 2014 (les gérants ne sont plus que 24% à « surpondérer » le secteur). Il n’empêche, les FAANG (Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google) et les BAT chinois (Baidu, Alibaba et Tencent) restent considérés, en décembre, comme la deuxième position la plus « surpeuplée » devant les positions vendeuses sur la volatilité de la Bourse.

Le pic en Bourse attendu au premier semestre 2018

Globalement, bien qu’ils sont 45% (en net) à juger le marché surévalué, les professionnels restent optimistes quant à l’évolution des actions l’an prochain, au moins pour la première partie de  l’année. Plus de la moitié d’entre eux (54%) restent séduits par le scénario « Goldilocks » d’une croissance de l’économie sans poussée de l’inflation. 30% jugent que le pic en Bourse sera atteint au deuxième trimestre 2018, 25% au premier trimestre et 28% au second semestre. Attention tout de même au risque d’une « erreur » de politique monétaire de la part de la Fed ou de la Banque centrale européenne ! Gare également aux hausses des salaires qui pourraient rogner les profits des entreprises !

Reste que pour profiter de la dernière poussée de la Bourse en début d’année, les investisseurs interrogés par la banque ont indiqué avoir libéré des liquidités (les positions cash sont passées de 4,4% à 4,7%, soit légèrement au-dessus de la moyenne à dix ans). Parce qu’ils sont également nombreux (deux sur trois) à estimer que la réforme fiscale américaine va offrir un soutien aux actions… Bank of America Merrill Lynch fait tout de même remarquer que leurs convictions seraient plus crédibles si, en même temps, ils n’abaissaient pas leurs prévisions de bénéfices pour le trimestre à venir. Ils ne sont plus que 34% (en net) à prévoir une amélioration.

Investir – Analyses et opinions – Les Echos Bourse