Analyse et Stratégie : « Les marchés sous-estiment le potentiel de normalisation de la Fed », selon Lyxor AM

Le comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (FOMC) a laissé entrevoir, dans ses minutes, que la Fed pourrait réduire son bilan dès cette année. Jeanne Asseraf-Bitton, responsable de la recherche multi-actifs chez Lyxor AM, table sur une annonce en septembre, pour une mise en place en octobre. Le mouvement de remontée des taux serait interrompu jusqu’en décembre. L’activité américaine devrait désormais être portée par la consommation, avec une hausse de l’inflation salariale de 3% attendue par la spécialiste. Certes le FMI a abaissé sa prévision de croissance, mais Janet Yellen compte tout de même poursuivre la hausse progressive des taux enclenchée en 2015. « Les marchés sous-estiment le potentiel de normalisation de la Fed », d’après Jeanne Asseraf-Bitton.

Un vote sur l’Obamacare, loi sur la santé mise en place par Barack Obama que l’actuel locataire de la Maison-Blanche veut abroger, ouvrirait la porte à Donald Trump pour mettre en place sa réforme fiscale, ce dont les entreprises américaines profiteraient énormément. La responsable estime qu’il y a un pessimisme « trop fort » sur la capacité du président américain à mener ses actions.

Rendez-vous début 2018 pour la BCE

Pour ce qui est de la zone euro, la BCE compte, elle, aussi alléger son bilan mais pour des raisons différentes de celles de son homologue outre-Atlantique. Le regain de croissance dans la zone euro, la meilleure dynamique de crédits, la reprise cyclique de l’économie conjuguée à un support politique favorable avec l’élection, en France, d’Emmanuel Macron, un pro-européen souhaitant des réformes structurelles, sont autant de signes d’une meilleure santé de l’économie, selon le stratégiste sénior chez Lyxor AM Lionel Melin, qui seront logiquement suivis par une remontée des taux. Mais « patience », comme dit le président de l’institution européenne, Mario Draghi, qui envisage dans un premier temps une réduction de son bilan en allégeant ses rachats d’actifs à 40 milliards au premier semestre 2018 et à 20 milliards au second.

Du côté nippon, la Bank of Japan, même si une légère inflation a été constatée début 2017, est encore loin de l’objectif escompté de 2%, bien qu’elle ait actionné tous les leviers disponibles en termes de politique monétaire, explique Lionel Melin. La situation est préoccupante, la BoJ rachetant 1% de la capitalisation boursière du Japon par an. Elle détient par ailleurs 40% des obligations d’états, dont le rendement est de plus en plus faible, faisant ainsi culminer son bilan à un niveau égal à un an de PIB. De plus, la dette publique s’élève à plus de 200% du PIB, une remontée des taux n’est donc pas à l’ordre du jour. La stabilisation du bilan de la BoJ n’interviendrait pas avant 2020, selon le stratégiste.

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