Analyse et Stratégie : Les petites valeurs européennes : une source de surperformance, selon Natixis AM

Petit à petit, l’oiseau fait son nid. Voilà ce qui ressort d’une étude de Natixis AM sur les petites valeurs européennes. Les plus audacieuses ont pu se forger une place de choix grâce à des produits plus adaptés, des dirigeants visionnaires et une meilleure gestion commerciale et financière. « L’essor des nouvelles technologies et l’expansion de l’univers digital a accéléré ce processus, et les plus grandes capitalisations boursières sont aujourd’hui représentées par des entreprises inconnues et souvent encore inexistantes il y a seulement quelques années », indique Yves Maillot, directeur actions européennes chez Natixis AM. N’oublions pas que les Apple, Facebook, Alphabet et Amazon ont eux aussi commencé en bas de l’échelle avant de culminer.

En Europe, les PME représentent aujourd’hui 99,8% des entreprises. Elles assuraient, en 2014, les deux tiers de l’emploi total et ont créé 70% des nouveaux postes ces dernières années. Elles demeurent plus agiles, flexibles et innovantes, ce que confirme l’essor des nouvelles technologies. « Dès lors, investir dans le potentiel d’innovation des PME paraît évident et indispensable pour l’Union européenne, afin de relancer la croissance et dynamiser le marché de l’emploi », explique le gérant.

Une nette surperformance boursière

Sur 16 ans, depuis avril 2001, l’indice MSCI Europe small caps total return surperforme annuellement de 5% son équivalent MSCI Europe. Or, les large caps disposant de ressources bien plus importantes et bénéficiant d’économies d’échelle – soit de gains de rentabilité –, elles devraient, en théorie, réaliser de meilleures performances boursières.

Les deux facteurs différenciant qui avantagent les petites valeurs sont, dans un premier temps, une hausse plus forte des profits. Elles offrent un taux de croissance des bénéfices bien supérieur à celui de leurs homologues, de l’ordre de 5 à 6% en moyenne sur les dix dernières années. « En effet, les petites capitalisations sont très souvent positionnées au premier stade de leur croissance et des cycles de vie de leurs produits (ou services) et disposent par conséquent d’un potentiel plus important », d’après Natixis. Ce qui se traduit bien souvent par de meilleures performances boursières.

Ensuite, à en croire les résultats annuels de la banque d’affaires Rothschild & Co, le M&A a été particulièrement dynamique, et, quelles sont les proies les plus évidentes ? Les petites sociétés. Alors que les très grandes jouent plutôt le rôle d’attaquant que de cibles dans ces opérations et ne profitent donc pas de prime d’acquisition.

De belles opportunités

Natixis AM met par ailleurs en exergue un surplus d’inefficience de valorisations des small caps, qui apporte davantage d’opportunités. En effet, plus les capitalisations sont faibles, plus la couverture par les analystes financiers se réduit. Ainsi, les grands groupes sont bien plus suivies par les analystes, en moyenne par 22 dits « sell-side », par conséquent, les bénéfices futurs sont assez bien « encadrés ». À contrario, seulement 3 à 5 couvrent les smalls caps de l’indices MSCI Europe. « Dans ce cas, le marché laisse les inefficiences se développer sur de longues périodes, ce qui permet finalement l’apparition de belles opportunités pour les investisseurs de long terme », explique Yves Maillot. À savoir que la majorité des micros sociétés (moins de 150 millions de chiffre d’affaires) n’est même pas suivie du tout.

Enfin, la conjoncture économique plaide en faveur des petites entreprises européennes. « Le contexte de reprise fait converger plusieurs facteurs [favorables], notamment liés à la situation politique, économique et propre à la structure du marché avec le constat de long terme d’une orientation à la surperformance de ce compartiment en bourse », conclut le directeur actions européennes chez Natixis AM.

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