Analyse et Stratégie : Morgan Stanley sonne l’alerte sur les marchés d’actions, attention à trop d’optimisme

Morgan Stanley n’est plus acheteur des marchés d’actions. Le broker a dégradé son opinion de « pondération en ligne » à « sous-pondérer », sur la base de perspectives pour les trois prochains mois qu’il juge particulièrement médiocres.

Pour les analystes de la maison de recherche, les prévisions de bénéfices sont en effet trop optimistes et la santé des grands groupes industriels continue de se détériorer dans le monde. Et les attentes des investisseurs quant à l’adoption de mesures accommodantes de la part des grandes banques centrales sont certainement bien trop fortes, laissant peu de potentiel de progression supplémentaire à des marchés d’actions qui sont aujourd’hui à des niveaux élevés. La semaine dernière par exemple, les trois grands indices américains ont inscrit de nouveaux plus hauts historiques tandis que le Cac 40 est sur des pics de plus d’un an. Sa version « dividendes réinvestis » (Cac 40 « GR ») a, elle, signé un nouveau record.

« Nous voyons un marché trop optimiste ; la baisse des rendements obligataires suggère peut-être une détérioration des perspectives de croissance, écrivent les stratèges de Morgan Stanley dans une note publiée dimanche, la détérioration continue des PMI mondiaux suggère un environnement macroéconomique comportant beaucoup de risques à la baisse. »

Nouvelle preuve d’un environnement économique dégradé, l’indice Sentix de la confiance des investisseurs en zone euro s’est établi pour le mois de juillet à son plus bas niveau depuis novembre 2014, à -5,8 points, bien en-deçà des attentes des analystes, qui visaient un rebond à +0,1 point après un niveau de -3,3 points au titre du mois de juin.

Crédits photo : Bloomberg

« Les rendements [des emprunts d’Etat] sont à des creux de plusieurs années dans de nombreuses régions du monde depuis quelques semaines, témoignant d’un attrait toujours indéniable des investisseurs pour les valeurs refuge », indiquent-ils encore. Dans ce contexte, les stratèges de Morgan Stanley délaissent actuellement les actions américaines et des pays émergents, pour leur préférer les actions japonaises et européennes.

Les prévisions concernant la saison des publications de comptes trimestriels qui débute dans quelques jours n’est pas de nature, non plus, à rassurer. En fin de semaine dernière, 113 composantes du S&P 500 avaient communiqué leur vision du deuxième trimestre : 87 d’entre elles, soit les trois quarts de cet échantillon, ont une perspective (« guidance ») négative de ce trimestre, c’est le pourcentage le plus élevé depuis le premier trimestre de 2016.

Crédits photo : FactSet

Au total, selon des données du consensus Bloomberg, les analystes tablent sur une hausse moyenne de 2,87% du chiffre d’affaires des sociétés du S&P 500, mais sur une baisse quasi comparable (-2,90%) de leurs profits, soit une dégradation des marges, de nature à relever encore le niveau de valorisation des entreprises en Bourse. Pour 2019, le PER estimé tel que calculé par FactSet s’élève à 16,8 fois, soit un niveau déjà légèrement supérieur à la moyenne historique.


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