Analyse et Stratégie : Robeco préconise de s’intéresser aux emprunts privés

Selon Victor Verberk et Sander Bus, responsables de l’équipe obligataire de Robeco, « les marges de crédit sont directement passées de niveaux historiquement bas à des niveaux de récession. Il est temps d’acheter. Les autorités vont apporter un soutien budgétaire et monétaire au secteur privé, tandis que les gouvernements et les banques devront travailler main dans la main pour enrayer la chute. »

Certes, sur un plan économique, les prochaines semaines vont être très difficiles. Certains investisseurs vont donc chercher à dégager des liquidités. « Mais l’équipe de crédit de Robeco estime que grâce aux mesures de relance, les marchés essaieront de regarder vers l’avant et au-delà de la phase de stabilisation des infections au coronavirus. »

Les événements actuels ne sont pas uniquement dus à la pandémie, mais aussi au supercycle d’endettement connu ces dernières années. Il a eu pour conséquence de nombreux déséquilibres mondiaux qui se sont creusés durant la phase d’expansion économique. « Cette combinaison inhabituelle d’excès de marché et de véritable fragilité économique a rendu les économies et les marchés plus vulnérables à un choc négatif. Personne ne sait prédire un choc exogène et les déclencheurs immédiats d’un krach. »

Un transfert des risques du secteur privé vers le secteur public

Désormais, une récession mondiale est inévitable et les marges de crédit en tiennent compte. Mais, grâce aux mesures prises par les autorités monétaires et budgétaires, « nous allons observer un transfert de risque du secteur privé vers le secteur public. Les déficits budgétaires colossaux qui en résulteront seront financés par les banques centrales. Ce partage des risques par le secteur public est exactement ce qui a mis fin à la crise de 2008, et il est de nouveau nécessaire. »

Si les marchés resteront très volatils tant que le pic de l’épidémie n’aura pas été atteint, « il faut réduire le risque lorsque la situation est calme et l’accroître quand la tempête se lève et que les marchés paniquent. Nous pensons que le moment est à présent venu de réduire l’exposition sous-pondérée aux marchés à haut rendement et de prendre une position longue sur les emprunts bien notés. Nous sommes en plein dans l’effondrement que nous attendions depuis des années. Nous recommandons aux clients ayant un horizon stratégique de long terme d’adopter eux aussi un style contrariant et d’accroître le risque. Nous sommes arrivés à la fin d’un cycle et c’est le moment de semer les graines d’un nouveau. »

L’avis d’Investir

Nous partageons cette analyse. Cela faisait des années que nous étions à l’écart du marché des emprunts privés en raison d’une absence de rémunération des risques pris. Désormais, les marges de crédit offertes par le haut rendement sont très attrayantes, avec des valorisations connues seulement quatre fois en 80 ans. Mais, il faut sélectionner très soigneusement les titres, car certaines sociétés, par exemple dans l’industrie pétrolière, dans le transport aérien ou dans le tourisme, risquent de faire faillite.


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