Analyse et Stratégie : Un premier trimestre européen qui bat des records en fusions-acquisitions

Même si l’année 2016 a été en demi-teinte du côté des fusions-acquisitions, marquée par une baisse de la valeur des opérations et de leur nombre, les sociétés européennes étaient déjà plébiscitées et la tendance s’est accentuée en ce début d’année. Ainsi, pour un peu moins de 2.500 deals, les investisseurs ont injecté environ 700 milliards de dollars en M&A sur le marché européen, selon Bloomberg, contre seulement 200 un an plus tôt et 400 au dernier trimestre de 2016. 

Plusieurs facteurs conjoncturels expliquent l’intérêt suscité par les valeurs européennes, marqué par des acquisitions qui « battent des records » selon Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM. Ce sont plus particulièrement les valorisations américaines, la politique accommodante de la BCE et le retour de la croissance dans la zone euro.

Le rally Trump fin 2016 a fait s’envoler les valorisations américaines alors que les excellentes publications en Europe n’ont pas été suivies de faits en Bourse en raison de l’incertitude politique, même si les marchés sont désormais plutôt rassurés. Si l’on ajoute à cela un euro « sous-évalué » par rapport au dollar selon la maison de gestion suisse, à 1,10, les sociétés européennes constituent des proies de choix.

Une Europe en marche ?

La BCE a aussi un rôle dans cet attrait pour la zone euro. En effet, « c’est toujours mieux de se financer à bas prix », explique Frédéric Rollin. La politique accommodante de la BCE offre un taux de financement faible, ce qui pousse logiquement à investir. Elle gardera cette position jusqu’à début 2018 selon le stratégiste, où elle commencera à réduire progressivement ses achats et à remonter légèrement ses taux compte tenu du faible risque déflationniste. Les investisseurs peuvent ainsi être incités à accélérer les acquisitions avant ce changement de politique.

Le retour de la croissance en Europe renforce lui aussi l’attractivité des sociétés européennes. Les très bons résultats enregistrés dans la zone euro viennent effectivement augmenter les bénéfices nets par action. De plus, la croissance du PIB du premier trimestre a été supérieure aux attentes, à 0,5%, et 1,7% en glissement annuel, la dynamique semblant se poursuivre.

Pour Oddo Securities cette fois, l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence française pourrait relancer une vague d’OPA en France. Le secteur des services informatiques pourrait particulièrement en bénéficier, en témoignent les opérations récentes d’Assystem et de GFI. « Les acteurs midcaps sont évidemment les plus à même d’être des cibles, et plus particulièrement les SSII positionnées sur les domaines les plus dynamiques (digital, conseil, sécurité) ainsi que les sociétés de R&D externalisée, car elles permettent de miser sur la digitalisation de l’industrie », a indiqué le cabinet d’analystes dans une note dédiée au secteur des services IT. Les cibles les plus probables seraient, selon le broker, Altran, SQLI et Groupe Open. On peut y ajouter Infotel et Aubay.

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