Analyses et opinions : Des présidentielles à l'enjeu très européen

Voilà, c’est fini. Il était temps que s’achève cette interminable et devenue progressivement insupportable campagne présidentielle. Dix bons mois en comptant les primaires. Dix mois pendant lesquels le gouvernement a seulement expédié les affaires courantes, où l’activité législative a tourné au ralenti. C’est trop ! D’autant que nous allons immédiatement embrayer avec un mois supplémentaire de campagne, législative cette fois.

Dix mois qui se sont résumés dans la dernière ligne droite, le débat télévisé de mercredi en fut le plus parfait exemple, à une campagne pour ou contre l’Europe et plus précisément pour ou contre l’euro. Les sondages laissent plutôt entendre que la majorité des Français choisiront, probablement pas par enthousiasme, mais par pragmatisme l’option européenne d’Emmanuel Macron. Les négociations en vue du Brexit qui n’ont pas encore débuté et qui s’annoncent particulièrement tendues montrent déjà l’extrême complexité d’une sortie de l’Union, alors si l’on y ajoute l’abandon de la monnaie unique…

Mais, même si la France reste pro-européenne, l’histoire sera loin d’être terminée. Les élections italiennes auront lieu d’ici à mai 2018 et le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, défavorable à la monnaie européenne, est toujours en tête des sondages devant le Parti démocrate dont Matteo Renzi a repris les rênes après une parenthèse de cinq mois. Or l’Italie est le grand pays européen où le rejet de l’euro est le plus fort dans la population, où un référendum sur le sujet, que souhaite organiser Beppe Grillo, aurait le plus de chance de réussite.

Jusqu’ici les digues ont tenu – en Autriche c’est un président écologiste, Alexander Van der Bellen, qui a été élu face à un adversaire d’extrême droite, aux Pays-Bas le Premier ministre libéral sortant Mark Rutte a devancé le Parti pour la liberté de Geert Wilder lors des dernières législatives – mais le sentiment europhobe reste vivace et démontre clairement que l’Europe telle qu’elle fonctionne aujourd’hui ne répond plus aux aspirations des citoyens européens.

Après le choc du Brexit, certaines voix s’étaient élevées pour réclamer une forte évolution du projet européen. Elles étaient bien vite retombées, le climat préélectoral français n’étant guère propice. La succession des élections françaises de mai et juin et des législatives allemandes du mois de septembre ouvrira une fenêtre de tir favorable à l’automne.

Il ne faudra pas la rater. Si le sentiment antieuropéen reste, jusqu’à preuve du contraire, encore minoritaire, il progresse toujours. Ne rien faire est le meilleur moyen de le laisser prendre le dessus.

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