Analyses et opinions : Les traditionnelles mauvaises surprises de début de mandat

La Cour des comptes n’est pas celle des contes. Elle vient une nouvelle fois d’en administrer la preuve dans son rapport sur l’exécution du budget 2016 de l’Etat remis cette semaine.

La belle histoire de redressement qu’avait voulu raconter l’équipe gouvernementale précédente n’est pas passée auprès des célèbres « sages » de la rue Cambon. Michel Sapin, ministre des Finances depuis 2014, avait pourtant martelé, fin mars, quand l’Insee avait annoncé que le déficit public, à 3,4 % en 2016, était un peu plus élevé que les 3,3 % initialement prévus : « Pour la troisième année d’affilée la France a scrupuleusement tenu ses engagements européens » avant de poursuivre « toutes les conditions sont réunies pour que, en 2017, le déficit public revienne sous les 3 % ».

Réponse cinglante de la Cour dans son rapport : « La gestion de 2016 a fragilisé la capacité de l’Etat à tenir ses engagements budgétaires en 2017 et les années suivantes. » Cet « après moi, le déluge » n’est pas nouveau : les politiques de tous bords se soucient peu de l’état dans lequel ils laissent le pays. Certains prêtent d’ailleurs cette expression à Louis XV, qui l’aurait utilisée pour dire combien il se moquait de l’action du dauphin après sa mort.

Le déficit du budget de l’Etat n’a baissé que de 1,4 milliard en 2016 alors que la charge de la dette, grâce à des taux exceptionnellement bas, a diminué de 3 milliards.

Ce déficit 2016 reste supérieur à celui de 2013 et se situe 85 % au-dessus du niveau enregistré avant la crise financière (il est passé de 38,4 milliards en 2007 à 69,1 milliards).

En conclusion, le rapport souligne que « l’exercice 2016 apparaît comme une occasion manquée ». Il y a pourtant urgence : même les traditionnels mauvais élèves de la zone euro, « les pays du Club Med », vont afficher cette année, selon la prévision de la Commission européenne, des déficits inférieurs à celui de la France. Certes, avec une économie européenne qui se porte mieux, ce sujet de la dette n’est plus trop sur le devant de la scène. Mais il y reviendra quand la conjoncture sera moins favorable ou quand les taux remonteront. Emmanuel Macron aurait pu espérer meilleur héritage.

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