Analyses et opinions : Macron, un candidat social-démocrate

Et si à deux mois du premier tour de l’élection présidentielle les choses commençaient à se clarifier ? Le ralliement de Yannick Jadot à Benoît Hamon et celui de François Bayrou à Emmanuel Macron resserrent définitivement les perspectives autour de 4 voire 5 grands candidats. Par ailleurs, Emmanuel Macron a, enfin, dévoilé son programme économique dans les colonnes des Echos. Un domaine où il était particulièrement attendu, puisqu’il s’agit, a priori, compte tenu de son passé d’ancien ministre de l’Economie de sa matière forte.

Qu’en ressort-il ? Une copie qui inscrit Emmanuel Macron dans les pas de la politique économique du tandem Hollande-Valls, ce qui n’a rien d’illogique puisque le candidat d’En marche fut, malgré une fin d’histoire houleuse, un des piliers du gouvernement Valls. Mais il en accélère le rythme en proposant un projet social-démocrate assez proche de ce que défendent le SPD allemand, le Parti démocrate italien ou les travaillistes anglais avant que Jeremy Corbin ne mette la barre à gauche.

Dans le détail, Emmanuel Macron souhaite transformer le CICE en allégement de cotisations, réaliser des économies sur le budget de l’Etat, supprimer par non-renouvellement 120.000 postes de fonctionnaires, poursuivre la réforme du marché du travail. Tout cela dans le cadre d’hypothèses de croissance économique réalistes… ce qui est rarement le cas des programmes électoraux.

Sur le plan patrimonial, le taux de 30 % (impôt + prélèvements sociaux) qu’il propose pour la fiscalité du capital ramènerait les compteurs, à un point près, au niveau qui prévalait au milieu du quinquennat Sarkozy, mais le régime de l’assurance-vie deviendrait moins favorable. L’ISF ne serait pas supprimé, mais limité à l’immobilier (reste à savoir à quel taux). Un domaine où Emmanuel Macron veut aussi agir en exonérant de taxe d’habitation 80 % des Français. Une façon indirecte de pénaliser les propriétaires qui paient, eux, la taxe d’habitation.

Au total, des propositions qui vont dans le sens d’une amélioration de la compétitivité de l’économie et d’une réduction des déficits… Comme celles de François Fillon. Mais de façon moins brutale ou plus molle, selon le point de vue que l’on choisit.

Pour aller plus loin, nous poursuivrons dans les prochaines semaines l’analyse fouillée des programmes des principaux candidats, comme nous l’avons fait avec celui de Marine Le Pen dans notre précédent numéro. Une démarche qui nous paraît indispensable, car cette élection présidentielle est celle où le clivage entre les candidats favoris est le plus fort depuis 1981.

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