Au château de Versailles, une chute de fréquentation inquiétante

À Versailles, rien ne va plus. De toute l’histoire du château, l’établissement n’a fermé ses portes qu’une seule fois, au moment de la déclaration de la Seconde guerre mondiale. Si le château a pu rouvrir au public le 6 juin dernier après 83 jours de fermeture, la fréquentation de Versailles est actuellement en train de « s’écrouler », en l’absence de touristes étrangers. « Par jour, nous sommes autour de 10.000 » visiteurs, a déclaré Catherine Pégard, présidente de l’établissement public du château de Versailles ce mercredi 12 août sur l’antenne de RTL.

La fréquentation est désormais plus importante le week-end qu’en semaine, « parce que nos visiteurs sont quasiment exclusivement français ». Habituellement, le château accueille 30.000 personnes par jour pendant cette période, a précisé Catherine Pégard, sachant que la fréquentation annuelle de l’établissement est de 8,1 millions de visiteurs. A titre de comparaison, le musée du Louvre a vu sa fréquentation divisée par quatre en juillet, avec 10.000 visiteurs par jour.

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45 millions d’euros de pertes

La présidente voit cependant « venir petit à petit les Européens », comme « des Allemands, des Hollandais, et quelques Italiens ». Ce léger frémissement ne permet toutefois pas de compenser les pertes de l’établissement public qui se chiffrent depuis le confinement « autour de 45 millions » d’euros. Sachant que son budget de fonctionnement annuel est de 100 millions d’euros. « Financièrement, on ne s’y retrouve pas du tout, pour l’instant », déplore celle qui préside depuis dix ans le château de Versailles.

L’heure semble alors venue de penser un tout nouveau modèle pour l’établissement. « Cela nous donne beaucoup à réfléchir sur ce que nous devons être, sur ce que nous devons faire, puisque pour ce qui concerne le château de Versailles, c’est tout notre modèle qui si j’ose dire s’est écroulé, puisque nous avions 80% de visiteurs étrangers », a-t-elle dit, rappelant l’une des missions de sa feuille de route d’ « ouvrir le château de Versailles à tous les publics ». Près d’un an avant la crise sanitaire, Catherine Pégard expliquait déjà à Challenges s’efforcer de convaincre les Français de revenir à Versailles. « Parce que nous allons leur montrer des choses qu’ils n’ont pas vu et il faut aussi leur dire qu’ils viennent à d’autres saisons que le plein été. S’ils peuvent venir en hiver, le château est plus facile d’accès et la beauté est la même, peut-être même plus mélancolique avec le gris de l’hiver. En toutes saisons, le château de Versailles a ses charmes », expliquait-elle.  

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« Très dépendant du soutien de l’Etat »

« Aujourd’hui, on doit reformuler un modèle différent en partant de cette exigence que nous impose ce virus. Nous devons renouveler notre offre pour les visiteurs français qui doivent redécouvrir Versailles », a-t-elle reformulé, ajoutant que la réservation d’un créneau horaire est désormais obligatoire. « En attendant de trouver un nouveau modèle économique, on va être très dépendant du soutien de l’Etat », explique Catherine Pégard qui attend avec impatience des nouvelles de Bercy. Elle tient cependant à préciser que les économies ne sont pas réalisées sur le personnel du château qui se chiffre à 1.000 salariés permanents et plus de 20.000 personnes « qui travaillent autour du site ».

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Nous ignorons si le château de Versailles sera convié par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot qui a annoncé ce jeudi sur Twitter qu’elle allait recevoir « dès la semaine prochaine les organisations professionnelles des secteurs » culturels « les plus impactés » par le Covid-19. « Nous accompagnons au plus près le secteur de la culture pour faire coexister la prudence et le soutien aux artistes et à l’économie (…) Nous allons avancer, ensemble », poursuit la responsable politique.

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