Au Sénat, Isabelle Kocher confirme son désintérêt pour les centres d’appel

Entre Isabelle Kocher et les sénateurs, ce fut un dialogue de sourds. Auditionnée ce matin au Palais du Luxembourg, la directrice générale d’Engie a assumé sa politique et n’a pas cédé un pouce de terrain aux représentants de la chambre haute. Ceux-ci voulaient avoir des explications sur la stratégie clients d’Engie et notamment les délocalisations que la société opère dans ses centres d’appel.  Pour les sénateurs, une question éminemment sensible. Pour Isabelle Kocher, beaucoup moins.  Pourquoi délocaliser ? La présidente de la commission des affaires économiques Sophie Primas (Les Républicains, Yvelines) a indiqué que les délocalisations représentaient pour Engie une économie de 7 millions d’euros,  » soit l’épaisseur du trait  » pour une multinationale qui l’an dernier a gagné 1,4 milliard.  » On a besoin de ces emplois dans les territoires », a clamé Martial Bourquin (PS, Doubs).  » Quelle est la responsabilité sociale de l’entreprise ? » a questionné Cécile Cukierman, (PCF, Loire).  » Où s’arrête le profit pour une entreprise comme Engie ? » a demandé de son côté son collègue Fabien Gay (Seine-Saint-Denis).

Face aux salves de questions, Isabelle Kocher, tout sourire, est restée droite dans ses bottines.  » On veut grandir, on va là on est capable de faire la différence, là on est le plu compétitif « , a-t-elle dit. La dirigeante ne veut pas se bercer d‘illusions. Les centres d’appels  ne font plus partie des priorités. Tout simplement parce que dans  leurs requêtes, les clients privilégient désormais le canal Internet aux dépens du téléphone. Il y a dix ans, l’ex GDF Suez comptait 32 sites de relation clients et sous-traitait 20 % de son activité. Aujourd’hui, 19 centres ont été fermés. Et environ 85 % de l’activité est externalisée, dont 30 % à l’étranger (Maroc, Portugal, Ile Maurice). Mais d’après les syndicats, ce n’est qu’un début. Engie viserait le quota 50% d’emplois à l’étranger et dans des pays plus low cost comme le Cameroun et le Sénégal.  » A terme 100% des postes vont délocalisés, pense Patricia Chastan, déléguée syndicale d’Engie CFE-CGC.  La perte sèche, ça sera 1500 emplois chez Engie et 3000 chez les sous-traitants. » Isabelle Kocher a rappelé que sa société recrutait chaque année 8000 personnes en France dont la moitié en CDI.  » On crée des emplois dans les services. » Et Isabelle Kocher de citer l’exemple des techniciens qui proposent des chaudières aux clients puis s’occupent de leur installation et de leur financement.  » Ces emplois qualifiés ne peuvent pas être délocalisés, dit-elle. On propose aux collaborateurs de se reformer (vers ces métiers). Je veux emmener mes collaborateurs dans le futur, vers les métiers de demain.  » Ce discours d’avenir, Patricia Chastan n’y croit pas.  » Les budgets  de formation ne cessent de baisser, indique la déléguée CFE-CGC. Le futur, c’est Pole Emploi. « 

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