BCE : Draghi pour un instrument budgétaire face à un choc

BCE : Draghi pour un instrument budgétaire face à un choc

La BCE – Banque centrale Européenne –  souhaite se prémunir de néfastes conséquences que pourrait engendrer la survenue d”une nouvelle crise financière. Certes il vaut mieux prévenir que guérir … mais cela ne signifie-t-il pas – aussi – qu’une telle éventualité est de plus en plus à redouter ? 

Instrument budgétaire pour faire face aux attaques

En tout état de cause, Mario Draghi, le président de la BCE a déclaré vendredi que la zone avait besoin d’un nouvel “instrument budgétaire” commun pour assurer la cohésion de ses pays membres, y compris lorsque ceux-ci sont attaqués sur les marchés financiers.

Ces propos interviennent alors que doit se tenir le mois prochain une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE). Quelques avancées sur des sujets demeurés en suspens tel que l’établissement d’un filet de sécurité commun en vue de fournir des liquidités aux banques en cessation progressive d’activité y sont attendues.

S’exprimant lors d’une manifestation à Florence, Mario Draghi a relancé le débat sur le sujet. Exhortant à la mise en place d’un outil public destiné à aider les pays plus fragiles lorsqu’ils sont trop pénalisés par les investisseurs en situation de crise de la dette.

“Nous avons besoin d’un instrument budgétaire supplémentaire pour maintenir la convergence lors de chocs importants, sans qu’il soit nécessaire de surcharger la politique monétaire”, a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs précisé que « son objectif serait de fournir une couche supplémentaire de stabilisation, renforçant ainsi la confiance dans les politiques nationales”.

Un instrument certes nécessaire mais difficile à concevoir

Si le Président de la BCE n’a pas détaillé sa proposition, il a toutefois concédé qu’un instrument de ce type n’était “pas conceptuellement facile à concevoir”. Et ce, d’autant plus qu’il doit tenir compte du droit européen sur le financement des Etats.

Rappelons que lors de la crise de la dette de la zone euro survenue dans la période 2010-2012, l’Allemagne avait rejeté la mise en place de concepts similaires, redoutant de devoir régler la facture de pays fortement endettés tels que l’Italie.

Pour la mise en place d’une garantie de dépôts bancaires

Le président de la BCE a également renouvelé son soutien à la mise en place d’une garantie des dépôts bancaires à l’échelon européen, afin de parachever l’Union bancaire.

«La création d’un mécanisme européen d’assurance des dépôts constituerait un élément supplémentaire permettant de réduire davantage le risque de panique bancaire», a-t-il indiqué.

En avril dernier, un rapport de la Banque centrale européenne a plaidé en faveur de la mise en place d’un mécanisme de garantie des dépôts commun aux Etats membres de la zone euro.

Ce document souhaite ainsi répondre à certaines objections qui bloquent depuis des années la création de ce système européen de garantie des dépôts (EDIS)  telles que la réticence de l’Allemagne et d’autres pays du Nord de l’Europe, lesquels redoutent de devoir à terme régler l’ardoise d’autres pays membres.

Ce système serait destiné à garantir à hauteur de 100.000 euros les dépôts dans toutes les banques de la zone euro via un fonds (DIF) alimenté par les établissements bancaires eux-mêmes et soutenu par les Etats.  Leurs contributions dépendraient de leurs niveaux de risque. Les banques allemandes seraient les plus mobilisées, en valeur absolue, avec 12,5 milliards d’euros.

Selon les auteurs du rapport, un fonds de 38 milliards d’euros – valeur établie conformément aux propositions de la Commission européenne – ne serait pas tari même si 10% des banques les plus fragiles de la zone euro s’effondraient simultanément et que le secteur bancaire dans sa globalité subissait des pertes bien plus importantes que lors de la dernière crise.

Ils estiment aussi que l’éventualité qu’une banque puisse recevoir une somme supérieure aux montants qu’elle aurait versés ne pourrait survenir que dans les scénarios les plus extrêmes et seulement en Grèce, en Espagne, en Belgique, à Chypre, à Malte, et, pour un cas particulier, au Luxembourg.

L’euro doit apporter stabilité et prospérité

Mario Draghi a estimé parallèlement que les citoyens de la zone euro avaient confiance dans la monnaie unique. Mais selon lui, cette dernière doit encore faire la preuve de sa capacité à délivrer les avantages promis. Les Européens « attendent de l’euro qu’il apporte la stabilité et la prospérité promises”, a-t-il souligné. Ajoutant qu’en tant que décideurs, les dirigeants avaient de ce fait le devoir « d’honorer leur confiance et d’aborder les aspects de notre union que nous savons tous incomplets.”

Sources : Reuters, BCE, Agefi

Elisabeth Studer – 12 mai 2018 – www.leblogfinance.com

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