Branle-bas de combat à la gare de Lyon à Paris la veille du 11 mai

Des ronds, des flèches et des croix collés un peu partout sur les quais et dans les halls : en moins de deux semaines, Paris-Gare-de-Lyon s’est transformée en un jeu de piste géant. Pas facile encore de s’habituer à cette nouvelle signalétique qui fleurit un peu partout dans les transports publics pour aider les voyageurs à respecter la distanciation physique en vue du déconfinement. Ce samedi 9 mai, les voyageurs qui débarquent des TGV en provenance de Marseille et de Montpellier ont d’ailleurs un peu de mal à respecter l’écart d’1,5 mètre de rigueur entre les cercles blancs alors que des agents de police contrôlent leurs attestations de transport au niveau des portiques d’embarquement. Pourquoi un tel filtrage à l’arrivée ? « Ce sont les consignes », lâche, l’un d’eux sans donner plus de détails.

En prévision du week-end et du proche déconfinement, le nombre des trains mis en circulation s’est accru : le trafic des TGV passant des 5% en moyenne depuis le début du confinement mi-mars à 35%, avec 18 TGV programmé samedi et 45% à partir du 11 mai. Pas mal de parisiens partis se confiner dans le sud de la France sont visiblement de retour, vu les lourdes valises que certains passagers trainent derrière eux.

Plus possible de jouer au piano

Au Hall 2, où sont regroupés désormais tous les TGV InOui et les Ouigo, à partir de lundi, des voyageurs attendent leurs trains assis à distance sur les sièges dont la moitié sont marqués d’une croix. Au total, près de 2000 stickers ont été apposés dans la gare en moins de deux semaines pour réorganiser les parcours et réguler les flux. Plus question de jouer du piano, emballé dans une enveloppe de cellophane noire, ni d’avoir accès aux espaces fumeurs. Fermés depuis le 17 mars, les commerces de la gare ne vont que progressivement rouvrir.

Certains doivent reconstituer leur stock, d’autres doivent gérer des problèmes d’effectifs. Il sera aussi difficile de trouver avant plusieurs jours les masques et le gel promis dans les distributeurs automatiques Selecta… « On a du tout faire en un laps de temps très réduit », rappelle un salarié de l’espace de vente de billets SNCF, encore en train d’installer des protections en plexiglas sur les tables.

Filtrage aux entrées dès lundi 11 mai

« Pour l’instant, les gens respectent plutôt bien les consignes, observe Priscille Garcin, la nouvelle directrice de la gare, notamment le port du masque qui sera obligatoire et contrôlé par les forces de l’ordre et les agents de la sûreté ferroviaire (SUGE) dès lundi à l’entrée de la gare », précise-t-elle. Dans ce contexte, il vaudra mieux prendre de la marge pour attraper son train à partir de lundi !

« La gare est un vrai gruyère, souffle un agent du poste de contrôle. Il a fallu condamner des entrées à l’extérieur et en fermer à l’intérieur, notamment pour empêcher les usagers des RER A et B ainsi que ceux des lignes de métro 1 et 14 d’accéder à la gare par le sous-sol. les entrées se faisant par l’extérieur afin de passer les contrôles. »

Certes, la gare de Lyon est peut-être moins exposée aux problèmes d’affluence que risquent de connaître les gares desservant les banlieues, comme Saint-Lazare, mais le dispositif est tout aussi strict. L’accès aux trains Transiliens de la ligne R (Paris-Melun-Montereau) se fera ainsi par une porte dédiée sur le parvis de la gare.

Accès limité dans les Transiliens

A partir de lundi, entre 15H et 19H30, un système de comptage manuel par les agents de la SNCF, en plus du contrôle du port du masque, sera mis en place. Objecfif : limiter l’accès des trains à mille personnes à la fois. « Dès la jauge atteinte, les clients devront attendre le train suivant, glisse un agent car il n’y pas moyen, à la différence des réservations dans les TGV et du système de coupons mis en place désormais dans certains TER (voir encadré) de pouvoir réguler le flux des voyageurs et de le limiter à 50%, selon la règle fixée par les autorités publiques ».

Difficile d’évaluer l’affluence des premiers jours, ou les risques d’engorgements du parvis de la gare du fait des mesures de filtrage. « On adaptera le système en fonction en essayant d’être pragmatique », explique Priscille Garcin. Mais la limitation des déplacements à 100 kilomètres de Paris réduit de fait le trafic des TGV. Les trains Thello, faute d’ouverture es frontières avec l’Italie, sont par ailleurs à l’arrêt jusqu’au 30 juin.

Quel trafic à partir du 11 mai ? 

Les prévisions de trafic de la SNCF pour le lundi 11 mai sont les suivantes : 60% du trafic habituel des Transiliens en moyenne entre 6h et 22h. 55% pour les TER où des coupons de réservations seront exigés sur certaines lignes pour limiter leur affluence, (Occitanie, Hauts-de-France, Centre-Val de Loire, Normandie et Bourgogne-Franche-Comté), téléchargeable sur l’appli SNCF ou sur les sites des régions. Les TGV circuleront à 35% mais seulement 16% pour les Ouigo et 8% pour les Eurostar et des Thalys. 25% pour les Intercités. Par ailleurs, 80 % du trafic sera assuré lundi entre 6 heures et 22 heures sur le RER A tandis que 60 % du trafic sera assuré sur les RER B, C, D et E. Même chose pour les lignes H, J, K, L, N, P et R. Pour les déplacements en Ile-de-France, dans les Transiliens notamment, les voyageurs sont invités à se munir d’un masque, d’un titre de transport valide et d’une pièce d’identité, ainsi que d’une attestation de l’employeur entre 6h30 et 10H30 et entre 16H30 et 19H30. Cette attestation pourra être remplacée par une auto-attestation pour un certain nombre de cas, a précisé le secrétariat d’Etat aux transports.