Budget 2020 : hausse pour les sports, gonflés par l’enveloppe JO

Le budget du ministère des Sports s’affiche en hausse dans le projet de loi de finances 2020, essentiellement grâce à l’enveloppe destinée aux chantiers des Jeux olympiques de 2024.

Après deux années de baisse consécutive, doublées d’une crise sur le sort des conseillers techniques sportifs (CTS), qui ont provoqué la déception et l’inquiétude du mouvement sportif, ce budget passe de 524 à 710,42 millions d’euros, a annoncé vendredi la ministre des Sports, Roxana Maracineanu.

Elle s’est félicitée d’une hausse de 9,8%, qui montre que « nous sommes là », alors que beaucoup parient sur une disparition, à terme, d’un ministère de plein exercice avec la création de l’Agence nationale du sport (ANS).

L’augmentation est due notamment à la hausse, de 65 à 129,25 millions d’euros, de l’enveloppe destinée à la Solideo, l’établissement public chargé de financer et de superviser les chantiers des Jeux olympiques de Paris-2024. Or, ces travaux portent sur des équipements sportifs (centre aquatique olympique de Saint-Denis, sites d’entraînement) comme sur des opérations d’aménagement du territoire (village olympique, village des médias).

« Budget en trompe l’œil », a critiqué le sénateur LR Michel Savin, spécialiste des questions sportives. C’est selon lui « le résultat d’un simple jeu d’écriture budgétaire et non pas d’une réelle amplification de l’investissement en faveur du sport ».

Autre nouveauté qui explique la hausse, à partir de 2020, le ministère des Sports prend en charge les salaires des conseillers techniques sportifs (CTS), environ 1.600 cadres d’Etat placés dans les fédérations pour les aider sur le haut niveau et le développement des pratiques, soit 120,84 millions d’euros qui étaient inclus jusque-là dans un programme des ministères sociaux.

Plafond

La contribution du ministère à l’Agence nationale du sport (ANS) reste stable, à 284 millions d’euros. Cette structure, née en 2019, réunit l’Etat, les collectivités locales, le mouvement sportif et les entreprises dans une gouvernance partagée pour piloter le haut niveau et le développement des pratiques sportives, des compétences réservées jusque-là au ministère des Sports.

La répartition sera votée par les parties prenantes de l’ANS. Le ministère évoque à ce stade un maintien des enveloppes, soit 90 millions d’euros pour la haute performance (subventions aux fédérations et soutien aux athlètes) et 194 millions d’euros pour les pratiques sportives, dont 68 millions de subventions aux clubs amateurs et 48 millions pour le maintien du financement de 5.000 emplois dans ces associations.

A un an des JO de Tokyo et à cinq ans de Paris-2024, ce « n’est pas un budget de rattrapage ni de rebond », mais « un budget d’affichage », ont critiqué les rapporteurs pour avis des crédits du sport aux commissions des affaires culturelles à l’Assemblée nationale et au Sénat, Régis Juanico (Générations) et Jean-Jacques Lozach (PS).

« On est à un bon niveau, c’est satisfaisant par rapport à d’autres ministères », a salué de son côté le député LREM François Cormier-Bouligeon, président du groupe d’études sport à l’Assemblée nationale. Il a appelé à aller plus loin, en « déplafonnant » les taxes affectées au sport, une revendication récurrente du mouvement sportif et de parlementaires toutes tendances confondues, dont MM. Juanico et Lozach.

Il s’agit de taxes prélevées sur la Française des Jeux, sur les paris sportifs ainsi que la « taxe Buffet » sur les droits télés, dont ils demandent qu’elles soient intégralement versées aux crédits du sport, alors qu’une partie retourne aujourd’hui dans le budget général de l’Etat. Dans le budget 2020, les taxes reversées aux sports s’élèvent à 146,4 millions d’euros, au même niveau qu’en 2019, selon le ministère.

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