CAC 40 : Malgré une destruction d’emplois record aux États-Unis, le marché parisien finit bien la semaine

Alors que les États-Unis ont détruit 20,5 millions d’emplois en avril, ce qui porte le taux de chômage à 14,7%, au plus haut depuis 1940, le CAC 40 conforte vendredi (+1,07%) son rebond de la veille (+1,54%) et limite son recul hebdomadaire à 0,49%. Les investisseurs semblent miser sur le fait que le pire de la crise est passé.

« Qu’importe la réalité économique, pourvu qu’on ait l’ivresse des marchés ». Cette citation d’Alfred de Musset légèrement détournée par John Plassard dans sa note matinale, directeur adjoint des investissements chez Mirabaud Secutiries, a effectivement pris tout son sens vendredi. Après avoir en hausse de 0,9% dans le sillage de la clôture en nette hausse des indices américains en dépit de nouvelles statistiques économiques calamiteuses et dans l’attente des chiffres de l’emploi américain pour le mois d’avril, le CAC 40 a accru ses gains après cette publication -pourtant historiquement mauvaise- pour boucler la séance sur une progression de 1,07% 4.549,64 points, ce qui limite son recul hebdomadaire à 0,49%. Un moindre mal compte tenu du flot de mauvaises nouvelles qui s’est abattu sur les investisseurs et de la baisse de plus de 4% lundi.

Le marché parisien était néanmoins quelque peu déserté en ce jour férié, le volume de transactions dépassant péniblement 1,5 milliard d’euros.

En début d’après-midi, les acteurs du marché ont peu -voire positivement (!)- réagi à l’annonce de la destruction de 20,5 millions d’emplois en avril aux Etats-Unis, soit « plus de deux fois le nombre d’emplois perdus pendant la crise financière » de 2007-2009, remarquent les analystes d’Oxford Economics. « Il y a eu plus d’emplois perdus au cours des deux derniers mois que créés au cours de la dernière décennie », ajoutent-ils. Le taux de chômage, qui s’affichait à 3,5% en février, a ainsi bondi à 14,7%, son niveau le plus haut depuis juin 1940.

« Le marché observe ces données dévastatrices avec l’idée que la situation ne peut désormais que s’améliorer », estime Patrick O’Hare de Briefing. Autre élément d’explication, « le consensus Bloomberg s’attend(ait) à une hausse du taux de chômage à 16% » indique John Plassard. Certain scénarios catastrophes anticipaient même que celui-ci puisse atteindre 20%. « Même si les chiffres sont terribles, et ne peuvent pas vraiment traduire l’impact ravageur de la crise sur les salariés américains, le taux de chômage n’est pas aussi fort que craint par certains analystes de Wall Street », relève ainsi JJ Kinahan de TD Ameritrade.

La tendance positive s’est surtout poursuivie vendredi grâce aux progrès des discussions sur le commerce entre les négociateurs chinois et américains qui sont convenus de collaborer pour faciliter la mise en application de l’accord de “phase 1” signé en janvier. Un signal positif alors que les tensions entre les deux premières puissances économiques mondiales semblaient s’être ravivées au cours des derniers jours.

Wall Street dans le vert

Soutenus par ces signes d’apaisement des tensions commerciales et les chiffres légèrement meilleurs qu’anticipé sur le front de l’emploi, les indices américains ont ouvert en hausse, au lendemain d’une séance qui a vu le Nasdaq repasser en territoire positif depuis le début de l’année alors qu’il perdait plus de 20% fin mars. En fin de matinée, le Dow prend 1,5%, le Nasdaq 1,4% et le S&P 1,3%.

L’automobile, le luxe et l’aéronautique bien orientés

Côté valeurs à Paris, la bonne orientation de l’indice -et le peu d’actualités en ce jour férié- joue en faveur des titres les plus chahutés par la crise, alors qu’à l’inverse quelques prises de bénéfices s’opèrent sur ceux qui ont le mieux résisté, à l’instar de Sanofi (-1,3%), Capgemini (-0,7%) et Axa (-0,4%), en queue de palmarès.

À l’autre extrémité, les meilleures performances sont pour Saint Gobain (+4,4%), Vinci (+3,9%) et Legrand (+3,9%). Les compartiments aéronautique, automobile et du luxe étaient également recherchés. Airbus parvient à grappiller 0,6% malgré son annonce (une commande de neuf avions A320 et A321 et la livraison de 14 livraisons en avril) et Safran termine à l’équilibre (+0,05%) après avoir pourtant annoncé le licenciement de 3.000 employés au Mexique alors que l’industrie aéronautique fait face à un déclin sans précédent de la demande provoqué par la crise sanitaire liée au coronavirus.

Le secteur automobile bénéficie nettement du courant porteur (+3,7% pour Peugeot, +2,5% pour Renault, +2,2% pour Michelin).

Sur le marché pétrolier, les cours des principales références de brut restent bien orientés vendredi dernier, le baril de WTI pour livraison en juin reprend 1,40% à 23,88 dollars peu avant 13h, quand celui de Brent grappille 2,41 % à 30,17 dollars.

Enfin, sur le Forex, la monnaie unique rebondit légèrement face au billet vert à 13h (+0,23% à 1,0855 dollar).