Cancer: Nanobiotix performe en bourse après des résultats prometteurs

La biotech française Nanobiotix, qui développe l’utilisation de nanoparticules dans le traitement de cancers, a enregistré une avancée importante avec des résultats positifs d’un essai clinique, qui ont fait s’envoler son cours de Bourse vendredi 22 juin. A la clôture, le titre a pris 50,05%, à 15,08 euros dans un marché boursier en hausse de 1,34%.

Fondée en 2003, cotée depuis 2012, l’entreprise française développe le NBTXR3: il s’agit d’un produit qui utilise des nanoparticules appelées NanoXray, qui sont injectées dans une tumeur pour renforcer l’impact des traitements de radiothérapie. Avec les rayons X, le produit a pour but de « détruire directement les tumeurs et d’activer le système immunitaire », selon Nanobiotix.

Jeudi, Nanobiotix a annoncé des « résultats positifs » à la suite d’un essai clinique de phase II/III portant sur un type de cancer, le sarcome des tissus mous, qui peut se développer au niveau du thorax ou de l’abdomen. L’objet de cette étude, menée sur 180 patients en Europe et en Asie, était d’évaluer l’efficacité et la sécurité du produit activé par radiothérapie en le comparant à la radiothérapie seule.

Avec ce produit, le taux de patients chez qui les cellules cancéreuses ont été éliminées a doublé. Il a aussi pu augmenter de 20% le nombre de patients chez qui il ne restait plus de cellules cancéreuses après une opération, a précisé à l’AFP Laurent Lévy, patron de Nanobiotix.

« Ces données sont exceptionnelles et montrent sans le moindre doute une amélioration du traitement par radiothérapie », a souligné la Pr Sylvie Bonvalot, investigatrice principale dans cette étude et chef de service sarcomes et tumeurs complexes de l’Institut Curie, citée dans un communiqué.

Des millions de patients potentiels

« Cette innovation va jouer un rôle dans de nombreuses autres indications et particulièrement celles où la radiothérapie est utilisée seule », a-t-elle ajouté. L’entreprise évalue actuellement son produit dans sept essais cliniques, notamment dans les cancers de la tête et du cou, ainsi qu’en immuno-oncologie. Le premier processus d’autorisation de mise sur le marché du NBTXR3 est en cours en Europe pour les sarcomes des tissus mous.

Si l’entreprise a choisi de commencer par ce type de cancer, même s’il est plutôt rare, c’est parce qu’il est difficile à traiter, souligne le patron de Nanobiotix: « Si ça marche dans le sarcome, alors ça devrait pouvoir marcher dans beaucoup d’autres indications ». « Pouvoir montrer qu’un nouveau produit avec un nouveau mode d’action marche et produit un bénéfice au patient, c’est un événement rare dans la médecine », a-t-il souligné.

Plus de 60% de tous les patients atteints d’un cancer sont traités par radiothérapie, a-t-il ajouté, expliquant que « potentiellement, ce produit peut s’appliquer à des millions de patients ». Nanobiotix espère voir les bons résultats de ses autres essais cliniques se multiplier dans « les semaines, les mois et les années qui viennent ».

Selon Jamila El Bougrini, analyste chez Gilbert Dupont, les résultats de cette étude clinique « donnent de bonnes garanties pour l’obtention du marquage CE qui est attendu pour le trimestre prochain » dans cette « indication de niche » des sarcomes. Le marché pour Nanobiotix est selon elle « relativement conséquent », mais « un peu plus restreint » que ne l’ambitionne la société.

Et « le plan de développement à venir dans le cancer tête et cou », son « programme le plus avancé » après le sarcome, « va devoir être supporté financièrement par un autre canal que le chiffre d’affaires », ajoute-t-elle, estimant qu’il est « très probable qu’il y ait un appel au marché qui se fasse dans les mois à venir ». Selon l’analyste, il faudrait à Nanobiotix une levée de fonds d’au moins 50 millions d’euros. « On a du cash pour avancer », affirme quant à lui Laurent Lévy.

(avec AFP)

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