Cars longue distance: comment la Sncf veut s’imposer avec Ouibus

Trois ans après avoir crée Idbus, la Sncf rebaptise son service d’autocars longue distance et met le turbo. Renommée Ouibus, histoire d’harmoniser sa gamme de transports low cost (avec les trains Ouigo et la location de voiture Ouicar), la filiale de l’opérateur ferroviaire public vise 4 millions de voyages dès 2016. « Un virage stratégique » pour le groupe selon son président Guillaume Pepy qui dit « assumer à 100% le fait que la SNCF fasse du low cost ». Selon lui : « Faire voyager le plus grand nombre est au cœur de notre ambition —ce qui ne veut pas dire faire voyager tout le monde de la même façon. »

Objectif: devenir leader du marché…

Partie un peu en retard face à ses concurrents, Isilines (Transdev), Megabus (du britannique Stagecoach) ou l’Allemand Flixbus, qui ont lancé leurs services dès cet été, la Sncf va doubler son offre en offrant 85 nouvelles liaisons début 2016. Cette nouvelle offre couvrira 35 destinations en France, telles que Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulouse ou Nice et 11 destinations européennes (dont la Belgique, l’Espagne, le Royaume-Uni ou l’Italie). Toujours avec des petits prix : à partir de 5 euros en France et 15 euros pour l’Europe afin de rester dans la fourchette des prix d’appel de ses concurrents (de 1 à 12 euros). La concurrence s’annonce d’ailleurs rude : Isilines vise également 5 millions de voyageurs avec une flotte de 300 cars d’ici deux ans.

Ce qui n’empêche pas Ouibus de vouloir être « la référence du marché » comme l’affirme Roland de Barbentane, son nouveau directeur général. Pour ce faire il compte sur le triplement de la flotte grâce à l’achat de 80 nouveaux bus (soit une flotte totale de 127 véhicules dont 8 à double étage sur la liaison Paris-Londres). Peu disert sur les objectifs de rentabilité, le directeur général estime en revanche pouvoir « faire mieux » que les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires visé par son concurrent Transdev d’ici 2016.

…sans cannibaliser le train

Reste qu’il va falloir faire un savant dosage dans l’offre low cost pour ne pas cannibaliser le train. «On ne va pas mettre des Ouibus sur les lignes de trains fragiles comme Caen-Rennes ou dans le Massif central, précise Guillaume Pepy, mais plutôt là où il y a le plus gros potentiel pour assurer les voyages ». Ainsi d’ici fin 2015 Ouibus offrira 16 allers-retours par jour entre Paris et Lille, 14 entre Paris et Lyon et 9 entre Paris et Nantes.

Globalement, l’opérateur public estime que 10% du marché ferroviaire risque de basculer vers le bus avec la libéralisation du marché. Et il espère bien en récupérer une partie grâce à Ouibus.

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