Cette idée choc d’un député pour réduire le chômage de longue durée

Des CDI pour les chômeurs de longue durée. C’est l’idée choc du député socialiste Laurent Grandguillaume qui a présenté ce mercredi 9 novembre une proposition de loi à l’Assemblée nationale, intitulée « Collectivités territoriales: territoires zéro chômage de longue durée ». Le texte devait être examiné ce même jour en séance par les parlementaires. Pour le député de gauche, il y a urgence: en octobre dernier, le nombre de chômeurs de longue durée a dépassé la barre des 2,4 millions de personnes au chômage depuis plus d’un an. Pour faire face au problème, structurel dans certains territoires périurbains et/ou en voie de désindustrialisation, Laurent Grandguillaume souhaite réorienter la manne des dépenses sociales comme l’allocation spécifique de solidarité (ASS) ou encore le revenu de solidarité active (RSA) au bénéfice des chômeurs en fin de droits pour financer les CDI.

Des contrats financés par la réallocation des aides chômage 

Dans un premier temps, un « fonds d’expérimentation territoriale contre le chômage de longue durée », abondé financièrement par l’Etat, les conseils généraux et les conseils régionaux, va être créé pour mettre en place le projet. Il sera piloté par un comité local et sera doté d’une dizaine de millions d’euros pour permettre d’embaucher près de 200 chômeurs. A terme, le pari du député est de démontrer que donner des CDI, payés au Smic, à des chômeurs de longue durée coûtera moins cher à la collectivité que de verser des allocations chômage. « C’est pour cela que le dispositif va être d’abord testé dans une dizaine de territoires pendant cinq ans. Un rapport sera rédigé avant son terme pour démontrer sa viabilité. Si c’est concluant, tous les territoires qui le souhaitent pourront postuler », explique Laurent Grandguillaume. A la clé, le député socialiste espère des économies pour les caisses de l’Etat de l’ordre de 15.000 euros par an et par personne.

Concrètement, la philosophie du dispositif est de créer des emplois en fonction des compétences des chômeurs et non pas en fonction des besoins des entreprises. « Dans les territoires concernés nous allons créer des entreprises sociales et solidaires pour qu’elles puissent recruter des chômeurs de longue durée. Ces derniers effectueront des tâches que les entreprises locales ne réalisent pas comme le déneigement des routes, la livraison de pain en territoires ruraux ou encore du bricolage pour les particuliers ou la mairie. Le but est bien évidemment de ne pas concurrencer l’activité des entreprises présentes dans le bassin d’emploi », détaille Patrick Valentin de l’association ATD Quart Monde.

Traitement social du chômage

Reste qu’aucun volet formation n’est pour l’instant prévu à leur destination. Une lacune qui ne va pas améliorer l’employabilité des chômeurs de longue durée dès lors condamnés à des travaux peu qualifiés. « Les emplois aidés n’ont aucune incidence sur l’employabilité de ceux qui en bénéficient, critique Stéphane Carcillo, économiste à l’OCDE. Ce ne sont pas des dispositifs qui les mettent sur les rails. L’incidence de ce type de contrats est uniquement arithmétique. » Une expérience passée montre toute la difficulté à réinsérer sur le marché de l’emploi des chômeurs de longue durée sans s’atteler à les former sur des compétences recherchées par les entreprises.

En 1992, le gouvernement socialiste de l’époque avait créé le contrat d’emploi consolidé (CEC), un contrat à temps partiel pour une durée déterminée de 12 mois renouvelable. Il pouvait être signé par les collectivités territoriales, les établissements publics et les associations. Les personnes concernées étaient celles en difficulté sur le marché du travail, en particulier celles qui avaient déjà bénéficié de contrat aidé mais qui n’avaient pas pu retrouver du travail à la fin de leur emploi aidé… Un traitement social du chômage indispensable mais qui n’a pas pour finalité de réinsérer les demandeurs d’emploi de longue durée dans le secteur privé…

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