Chypre : ponctions de 47,5% sur les dépôts bancaires, BCE et FMI obtiennent gain de cause …

Mine de rien, la Banque centrale européenne et le FMI seront parvenus à leur fin …  Alors qu’en mars dernier, le président chypriote Nicos Anastasiades avait œuvré  pour que l’Eurogroupe amende ses décisions d’instaurer une taxe exceptionnelle de 6,75% sur les dépôts bancaires auprès de la Bank of Cyprus (BoC) en-deçà de 100.000 euros et de 9,9% au-delà de ce seuil, l’établissement financier vient d’accepter au final dans le cadre du plan de sauvetage européen des ponctions de 47,5% sur les dépôts de plus de 100.000 euros. Lesquelles sont destinées à recapitaliser la BoC.
Sans que cela ne fasse pour le moment grand bruit, en pleine torpeur estivale, alors qu’accidents de trains et de bus font malheureusement la une des medias.

Une délégation de 30 membres de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international est présente sur l’île depuis le 17 juillet dernier, avec pour objectif affiché de vérifier que Chypre respecte ses engagements obtenus en échange du plan de sauvetage accordé en mars dernier. Au sein duquel figure en bonne place un prêt de 10 milliards d’euros.
Le week-end dernier, les tractations se sont intensifiées, aboutissant lundi à un accord définissant un pourcentage entre la Banque centrale, le ministère des Finances et les représentants de la troïka. Les ponctions opérées sur les gros déposants serviront à recapitaliser la BoC, une décision prise dans le cadre du plan de sauvetage.

Selon le porte-parole adjoint du gouvernement, Victoras Papadopoulos, la « stricte application de l’accord est le seul moyen rapide de sortir de la crise ».

Reste que le plan de sauvetage a été assorti de contrôles très stricts sur les capitaux, fragilisant encore plus l’économie du pays.

Ainsi en mars dernier, l’annonce de ces ponctions avait forcé le gouvernement à fermer les banques pour près de deux semaines tout en imposant et imposer des contrôles draconiens sur les mouvements de capitaux à la réouverture des établissements.
Le président chypriote Nicos Anastasiades avait alors laissé que l’un de ses objectifs principaux  était de limiter l’impact sur les petits déposants.
« Je partage totalement le mécontentement causé par une décision difficile et douloureuse », avait également affirmé le chef d’Etat.
Estimant par ailleurs avoir choisi l’option la moins douloureuse  en acceptant d’instaurer une taxe exceptionnelle sur les dépôts bancaires – laquelle devrait rapporter 5,8 milliards d’euros – en contrepartie du prêt de 10 milliards d’euros.
Ajoutant qu’il en « assum(ait) le prix politique », et que son objectif premier était de limiter autant que faire se peut les conséquences pour l’économie chypriote et ses compatriotes.

A cette date, le président du parlement européen Martin Schulz avait quant à lui déclaré que le plan de sauvetage de Chypre devait « être socialement acceptable et ne pas toucher les petits épargnants ». S’il estimait  « normal de faire participer les clients des banques », le chef du parlement européen avait toutefois proposé dans un entretien à Welt am Sonntag, d’exempter de taxe les comptes inférieurs à 25.000 euros.
Quelques heures auparavant, le secrétaire général de l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économiques) Angel Gurria avait pour sa part agité le spectre de la faillite du secteur bancaire, estimant que la taxation des dépôts bancaires exigée en échange du plan de sauvetage était un moindre mal, nettement préférable pour les épargnants.

« Aujourd’hui, tous ceux qui ont de l’épargne à Chypre  protestent contre la taxe, mais ils seront très contents de la payer parce que l’alternative était naturellement d’avoir des pertes, très sérieuses », a ainsi déclaré le dirigeant de l’OCDE lors d’un entretien à Radio France internationale (RFI) et à la chaîne de télévision francophone TV5 Monde.
Ajoutant qu’  » il y aurait pu y avoir des pertes énormes, en l’absence d’assistance financière », considérant par ailleurs qu’un plan d’aide sans contrepartie aurait encouragé des comportements risqués.

Sources : AFP, Reuters, RFI, TV5 Monde

Elisabeth STUDER – www.leblogfinance.com  – 30 juillet 2013


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