Comment les agriculteurs luttent contre la grêle 

Chaque année, les agriculteurs font face au même problème : les aléas climatiques. Et parmi eux, le plus dévastateur est la grêle. Les récentes intempéries dans le sud-ouest ont dévasté plus de 17 000 hectares de vignes. Pour se prémunir de récoltes gâchées par dame nature, les agriculteurs français utilisent plusieurs solutions : les générateurs anti-grêle, les canons anti-grêle, les filets anti-grêle et aussi les avions anti-grêle.

Les générateurs anti-grêle

  • 800 machines sont dispersées sur le territoire. Elles sont gérées par l’Association nationale d’études et de lutte contre les fléaux atmosphériques (ANELFA) qui louent à l’année ses générateurs aux agriculteurs sur l’ensemble du territoire français. En collaboration avec les bulletins de Météo France, l’Anelfa prévient en avance les agriculteurs quand la grêle arrive. Ces derniers activent les générateurs qui diffusent de l’iodure d’argent. « C’est un composé hydrophile qui se diffuse dans l’air. Il va se répandre dans les nuages orageux pour agir sur la formation des grêlons. L’iodure d’argent va les diviser et réduire leurs tailles de moitié », explique Sébastien Lambert, technicien à l’Anelfa. Le dispositif apparaît peu coûteux, 2.000 euros par an pour un générateur « et tous les services de l’Anelfa en soutien », précise Sébastien Lambert. Toutefois, selon Robert Verger, chargé de la viticulture à la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), ces générateurs « sont limités par la portée de leurs dispositifs. D’autant plus, quand des grands orages très violents surviennent. »

Les ballons chargés de sels

  • Ce système anti-grêle connu sous le nom du système Laïco est assez récent en France, il a été testé dans plusieurs régions en 2017. Le principe consiste à détecter en temps réel les risques de grêles. Puis, il faut gonfler des ballons avec de l’hélium pour qu’ils atteignent les nuages orageux. Ces ballons sont chargés de sels hygroscopiques via une torche. Les sels vont absorber l’humidité et transformer les grêlons en pluie. Seul hic, l’agriculteur doit être prévenu en temps et en heure de l’orage, mais aussi il doit activer manuellement la seconde partie du système. Le dispositif est aussi cher comme le constate France Bleu : « Rien que le système d’alerte par SMS coûte 800 euros. Sans compter le coût du ballon, 1.200 euros le gonfleur, plus 350 euros par lancer de ballon. »

Les filets anti-grêle

  • Cette solution est surtout utilisée « pour les exploitations en arboriculture où ils sont plus utiles », ajoute Sébastien Lambert. « Ces filets anti-grêle sont très efficaces. Cependant, lors d’orages violents la protection n’est pas assurée à 100% », indique Robert Verger. En effet, « avec des grêlons de taille petite et moyenne le dispositif marche. Mais dans certains cas, des gros grêlons ont percé les filets. Sur d’autres, des filets ont été cassés par le poids amassé de tous les grêlons », signale le technicien à l’Anelfa. Selon Jean Dessein, conseiller scientifique à l’Anelfa, « Il y a aussi un inconvénient, cela réduit l’ensoleillement de 15% des exploitations. » Le coût peut aussi rebuter les agriculteurs :  « Sur un hectare, l’investissement d’un filet anti-grêle peut tourner autour de 10 000 ou de 15 000 euros », rapporte Robert Verger.

Les canons anti-grêle

  • Les canons anti-grêle sont notamment présents dans le sud de la France. Avec un gaz explosif, les canons produisent des ondes de choc pour mélanger l’air chaud et l’air froid dans les nuages. Cette manipulation permet d’éviter l’apparition de grêlons. Toutefois, l’usage des canons anti-grêle est décrié par les voisins d’agriculteurs. Jean-Luc Astier, président de l’association « Stoppons ensemble les nuisances sonores et environnementales », dénonce : « J’ai onze canons installés à 300 mètres de chez moi à Mercurol dans la Drôme. Nous entendons leurs détonations de 100 décibels jusque dans nos terrains. Et ce toutes les sept secondes. » Agacé de cette situation, Jean-Luc Astier assure : « J’ai été obligé de porter des casques anti-bruit. »

Les avions anti-grêle

  • Cette méthode est beaucoup plus répandue en Amérique du nord et en Amérique du sud. En France, Robert Verge se souvient de cette méthode « très dangereuses pour les pilotes d’avion » qui a été testée en 1971 dans le Beaujolais. Effectivement, ils doivent larguer de l’iodure d’argent directement dans les nuages de grêle pour minimiser l’impact des grêlons au sol. C’est aussi une solution qui « est chère. D’autant plus que c’est dangereux de voler avec des vents tourbillonnants entre 200 et 250 km/h dans les nuages orageux », assure Sébastien Lambert. Mais dans les pays d’Amérique du sud, « ils combinent cette méthode avec les générateurs et les filets pour éviter au maximum les pertes agricoles », ajoute-t-il. 

Les fusées anti-grêle

  • Plus extraordinaire encore, les agriculteurs russes et chinois utilisent des fusées pour lutter contre la grêle. Même principe pour les générateurs et les avions, ces fusées « utilisent l’iodure d’argent pour réduire la taille des grêlons », explique le technicien de l’Anelfa. Selon lui, elles peuvent atteindre les nuages jusqu’à 12 km de haut. 

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