Commerce extérieur français : 20 ans de descente aux enfers

On l’a oublié, mais le commerce extérieur français n’a pas toujours été déficitaire. La preuve. Si le début des années 90 commence mal, le solde se redresse rapidement, atteint l’équilibre en 1992, et redevient positif en 1993. Il faut remonter avant le premier choc pétrolier de 1973 pour trouver un tel niveau !

Après la crise, la courbe poursuit son ascension, les excédents s’accumulent pour atteindre le record absolu de 24 milliards d’euros en 1997. C’est un record, qui passe inaperçu à l’époque, mais c’est un record qui tient toujours aujourd’hui. Et ce sont les excédents industriels qui explosent tous les compteurs : 25,2 milliards d’euros ! La France est alors triomphante dans l’automobile tandis que l’excédent de la branche « matériel de transport terrestre » est multiplié par deux en un an. Succès d’Airbus aidant, les résultats du secteur des « biens d’équipements professionnels » s’envolent eux aussi. Même le déficit de l’électronique grand public se réduit. Le couple agriculture-agroalimentaire parachève ce succès général du « made in France ». Seule ombre à ce tableau, la déconfiture de la filière textile.

Voilà pour 1997. Mais le millésime 98 ne sera pas un aussi bon cru. A l’époque, les économistes accusent la crise asiatique. Le hic c’est que ce décrochage va se poursuivre jusqu’à l’an 2000. Le solde commercial redevient déficitaire pour la 1ère fois depuis 8 ans. Le bref sursaut des années 2001-2002 ne sera qu’éphémère. Ensuite, c’est la dégringolade sans fin du solde du commerce extérieur jusqu’à 2011. C’est un véritable précipice, avec un déficit record de 75 milliards d’euros.

Alors quelle explication ? Il y a d’abord un choc exogène. Le déficit pétrolier est multiplié par 2,5 avec la flambée du cours du brut qui passe de 25 à 111 dollars le baril. Il y a ensuite un choix politique constant de tous les gouvernements, qu’ils soient de gauche ou de droite : cajoler à tout prix le consommateur, mais aussi les distributeurs. Le revers de la médaille, c’est que l’on sacrifie les industriels. Bienvenue donc aux produits à bas prix, et vive les prix écrasés ! Le textile, l’habillement, le cuir et la chaussure deviennent un champ de ruine. Déjà déstabilisée dans les années 90, ce secteur, comme d’autres, subit l’assaut décisif de la Chine après son entrée dans l’OMC en décembre 2001. Mais ce sont aussi les choix stratégiques de plusieurs grands groupes qui sont en cause. 

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Xerfi Canal pour Challenges (article publié à l’origine ici)

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