Coronavirus: les idées radicales des entreprises pour s’en prémunir

Alors que la courbe des malades du coronavirus ne cesse de grimper en France, les entreprises rivalisent d’imagination pour faire barrage à ce virus dont on sait maintenant que la contagiosité (le taux de contagiosité est de 1,7 fois plus contagieux que la grippe saisonnière d’après l’OMS) et la mortalité dépassent largement celle de la grippe.

Outre les messages sanitaires (ne plus se serrer la main et se les laver plusieurs fois par jour) et la classique mise à disposition des personnels de gel hydroalcoolique, de serviettes à usage unique, les entreprises ont aussi adapté leurs consignes à la nature de leur activité et ce, bien avant que la France ne passe en stade 3.

« Nous avons prévenu nos commerciaux qu’ils ne devaient plus recevoir de clients au bureau, souligne l’associé d’un grand cabinet de courtage parisien, les rendez-vous se feront pour l’essentiel par téléphone ou skype. » Mais certains ne font pas dans la dentelle. La société Comgest, société de gestion d’actifs a carrément renvoyé les traders chez eux ! Peu importe si Paris n’a pas été identifié par les autorités comme un cluster, Comgest ne veut prendre aucun risque et a obligé tous ses collaborateurs à faire du télétravail. Si l’équipe devait tomber malade, ce serait tout le chiffre d’affaires de l’entreprise qui en pâtirait.

Chez le laboratoire Merck à Molsheim en Alsace, la décision a été pour le moins radicale : un cas de coronavirus le 29 février a déclenché une mesure généralisée de télétravail pour les 600 collaborateurs, soit un tiers de ses salariés. Ce salarié avait prévenu l’entreprise que son épouse avait séjourné en Lombardie avant d’être à son tour rattrapé par la maladie. 

Vide sanitaire de deux mètres

Pour maintenir un minimum de relations avec l’extérieur, certains ont trouvé la parade. Le cabinet d’avocats Gide a totalement réorganisé sa salle de réunion de sorte que chaque participant soit éloigné d’au moins un mètre de son voisin. Même idée vendredi matin à la conférence de presse de PSA, qui a créé un « vide sanitaire » d’au moins deux mètres entre chaque journaliste, rapporte notre consoeur du Figaro.  

Si beaucoup d’entreprises ont, comme principe de précaution, annulé tous les déplacements de leurs collaborateurs dans les zones à risques, comme Danone, SEB ou encore Société Générale, d’autres sont allées plus loin en décidant d’interdire tout déplacement à l’étranger à leurs collaborateurs jusqu’à nouvel ordre (L’Oréal, Nexans, Total) ou de mettre en place des procédures d’autorisations individuelles (Generali, Allianz). Une mesure qui dépasse même parfois le caractère professionnel du déplacement ! Ainsi, Nestlé, après avoir gelé tous les déplacements professionnels, a vivement recommandé à ses collaborateurs de ne plus voyager à titre privé dans les prochaines semaines. « Nous savons que nous n’avons aucun droit de regard sur ce point mais c’est un conseil que nous leur donnons », indique le porte-parole de l’entreprise au journal suisse Le Matin.

Assemblées générales à distance

Et comment organiser des assemblées générales d’entreprise réunissant parfois des milliers d’actionnaires dans ce contexte. Alors que la saison de ces grands-messes annuelles approche, l’Autorité des marchés financiers a d’ores et déjà recommandé le vote à distance afin de limiter le risque de contamination. L’AMF recommande aux émetteurs cotés de retransmettre en direct leur assemblée générale sur leur site Internet et de communiquer largement au sujet des risques liés à la crise sanitaire en cours, lit-on dans un communiqué publié vendredi.

Les actionnaires n’ont pas à être présents physiquement aux assemblées générales et peuvent voter par correspondance, par procuration ou sur Internet via une plateforme de vote sécurisée, « si les statuts de l’émetteur le permettent et si cette modalité de vote est prévue par l’émetteur concernée », précise l’AMF.

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