Coûts, aménagements… La périlleuse réouverture du zoo de La Flèche

10 heures, mercredi 27 mai. Une trentaine de personne attendent déjà aux portes du parc zoologique de la Flèche dans la Sarthe. En famille, couple ou entre amis, chacun des petits groupes tente de respecter la distanciation grâce aux marquages au sol. “Une belle journée s’annonce, les gens sont déjà là” réagit Céline Talineau lorsqu’elle ouvre le portail du parc pour laisser entrer le public. La directrice du zoo l’affirme, “en temps normal, dès les premières heures, on peut savoir si l’affluence de la journée va être bonne.” Pourtant difficile de s’appuyer sur les statistiques habituelles. Après deux mois de fermeture, le parc n’a pu rouvrir que le week-end dernier. Une reprise tout en douceur puisque 4.000 visiteurs au total sont venus observer les girafes, éléphants et autres pandas roux durant ce week-end prolongé de l’Ascension, soit une fréquentation en berne de 85%.   

Un protocole sanitaire à 25.000 euros

“Le printemps, l’arrivée des beaux jours et les ponts, c’est là où on commence à monter en puissance avant de rentrer dans le vif de la saison” explique la directrice qui aurait déjà dû former ses nouvelles recrues, mais face à l’incertitude de la réouverture et de la saison à venir, les embauches de saisonniers ont été gelées. Entre avril et mai, 80  des cent salariés ont été mis au chômage partiel, seul les soignants sont à restés à temps pleins pour s’occuper des animaux le temps de la fermeture. Une interruption au lancement de la saison qui aurait coûté plus de 4 millions d’euros au parc. En 2019, le zoo de la Flèche avait réalisé une année record avec 15.5 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Si aujourd’hui la majorité des équipes sont revenus travailler d’arrache-pied pour remettre les 18 hectares du parc en état, les coûts continuent de s’accumuler. Masques, signalétiques, affichages rappelant les règles de distanciation, désinfection du site et équipe dédiée au nettoyage régulier du site… La mise en place du protocole sanitaire a coûté pas moins de 25.000 euros au zoo. “Un surcoût majeur non-négligeable. À la fin de la saison, il faudra voir comment le prendre en charge si les structures n’arrivent pas à le digérer” estime Pascale Fontenel-Personne, députée de la Sarthe. “Il faut s’emparer de ses nouvelles normes et de ses barrières sanitaires pour continuer à fréquenter ses lieux essentiels” continue la coprésidente du groupe d’études tourisme de l’Assemblée nationale, venue observer la mise en place le dispositif.

« Vu comme les derniers de la classe »

Car malgré l’annulation des spectacles, la fermeture des lieux clos, l’interdiction du restaurant principal et la réduction de la jauge de 50 %, le feu vert pour accueillir de nouveau du public ne s’est pas fait sans attente. “Les zoos et les parcs sont vu comme les derniers de la classe, assimilés simplement aux grands rassemblements, alors que le coeur même de notre métier c’est de gérer les flux de visiteurs et d’assurer la sécurité sanitaire” souligne Sophie Huberson, déléguée générale du SNELAC (syndicat national des espaces de loisirs, d’attraction et culturels), “A l’origine on ne devait pas rouvrir avant juillet, mais si l’on veut ouvrir maintenant, c’est justement pour mieux se préparer. Le mois de juin ne sera pas un mois de forte fréquentation cette année. 50 % du chiffre d’affaires se fait avec les scolaires, les comités d’entreprise ou les associations. L’objectif est de se préparer pour être opérationnel en juillet, pour les TPE et PME de notre secteur 80 % se fait en juillet-août.”

Pour faire face à la baisse de chiffre d’affaires, le zoo a bénificié des aides du gouvernement. Dans Ouest France, Stéphane Da Cunha, directeur du groupe Looping, propriétaire du zoo depuis 2017, a précisé que les bénéfices de l’année 2020 allait sûrement simplement aider à éponger cette nouvelle dette. L’ancien président du zoo a aussi annoncé que les actionnaires avaient déjà soutenu financièrement le groupe durant la crise et se préparaient à une augmentation de capital si nécéssaire. Aucun des investissement n’est même pour le moment remis en cause pour le moment.

Mais au zoo de La Flèche, l’été sera décisif. S’il est aussi bon que l’année précédente, la perte de chiffre d’affaires est estimée entre 35 et 40 %, mais la directrice n’est pas optimiste, pour elle, les chiffres pourront descendre jusque moins 60 %. “Il faut qu’on réussisse à faire revenir les touristes nationaux jusqu’à nous” rappelle Céline Talineau. Depuis quelques années, les spectateurs viennent de loin dans le parc qui est rentré dans le top 5 des sites zoologiques les plus visités, notamment, grâce au succès de succès de l’émission de France 4, ‘”une saison au zoo” qui met en scène la vie du parc animalier sarthois dont le tournage, interrompu par le confinement, devrait reprendre rapidement.

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