Croissance, consommation: l’économie française fait de la résistance

Une croissance plus forte que prévu au deuxième trimestre et une consommation qui accélère enfin en juillet: face au ralentissement de l’activité au sein de la zone euro, l’économie française fait de la résistance, portée par une demande intérieure supérieure à celle de ses voisins.

Selon une deuxième estimation publiée jeudi par l’Insee, le produit intérieur brut (PIB) hexagonal a progressé de 0,3% entre avril et juin. Ce chiffre, conforme à celui du premier trimestre, est légèrement plus élevé que ce qui avait été initialement annoncé (0,2%).

« C’est une révision en apparence limitée, mais qui montre que l’économie française résiste plutôt bien à la morosité ambiante », souligne auprès de l’AFP Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management.

« Comparé à ses voisins européens, la France s’en sort plutôt bien », abonde Hélène Baudchon, de BNP Paribas, qui attribue cette capacité de résistance à une moindre dépendance de l’économie française vis-à-vis de ses exportations ainsi qu’à une demande intérieure « globalement robuste ».

Selon l’Insee, le chiffre du deuxième trimestre a été atteint à la faveur d’une bonne dynamique sur le plan des investissements. Ces derniers ont progressé de 0,9%, portés l’investissement des entreprises (+0,9%) mais aussi des ménages (+0,8% contre +0,1% en première estimation).

Croissance française (AFP - AFP)

Croissance française (AFP – AFP)

La consommation, comme au premier trimestre, est en revanche restée décevante. Les dépenses des ménages n’ont ainsi progressé que de 0,2% entre avril et juin, malgré les gains de pouvoir d’achat liés aux mesures d’urgence votées sous la pression des « gilets jaunes »

« Il y a de la marge de progression », souligne Philippe Waechter, qui se dit néanmoins « raisonnablement optimiste » pour les prochains mois. « Les gains de pouvoirs d’achat mettent souvent du temps avant de se traduire en consommation: les Français vont bien finir par consommer », estime-t-il.

Signe d’un possible changement de tendance: les dépenses des ménages en biens ont rebondi de 0,4% en juillet, après avoir baissé de 0,2% en juin. Un résultat lié selon l’Insee à la hausse des ventes de matériel de transport (+1,4%) et des biens d’équipement du logement (+1,9%).

« C’est une bonne nouvelle, même si la consommation reste encore inférieure aux attentes », observe Hélène Baudchon, qui rappelle que le taux d’épargne des ménages français est « encore très élevé »: selon l’Insee, ce dernier s’est établi à 14,9% au deuxième trimestre, contre 15,3% précédemment.

– inquiétudes allemandes –

Avec ces résultats, l' »acquis de croissance » — c’est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait à la fin de l’année si la croissance restait nulle au cours du prochain semestre — était au 30 juin de 1,1%, au lieu des 1% initialement prévus.

Ce niveau est une bonne nouvelle pour le gouvernement, qui table sur une croissance de 1,4% en 2019. « Si la croissance se maintient à 0,3% au troisième et au quatrième trimestre, on sera à 1,3% en fin d’année. Ce n’est pas très loin des 1,4% », souligne Philippe Waechter.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, lors de sa visite au "Rencontre des entrepreneurs de France" aux côtés notamment du président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, le 28 août 2019 à Paris (AFP/Archives - ERIC PIERMONT)

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, lors de sa visite au « Rencontre des entrepreneurs de France » aux côtés notamment du président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, le 28 août 2019 à Paris (AFP/Archives – ERIC PIERMONT)

Interrogé mardi sur LCI, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a indiqué qu’il maintenait la prévision du gouvernement à 1,4%, sans exclure une révision à la baisse de ce chiffre d’ici à la fin du mois de septembre, pour tenir compte de l’évolution de la situation au sein de la zone euro.

« Nous avons un niveau de croissance qui est solide » mais le « contexte international est préoccupant », a affirmé M. Le Maire.

Selon des chiffres publiés fin juillet par l’Office européen des statistiques Eurostat, la croissance a ainsi plafonné à 0,2% dans l’ensemble des pays de la zone euro. Un chiffre plombé par les résultats de l’Allemagne, où le PIB a reculé de 0,1%.

Quel sera l’effet de ce ralentissement sur l’économie tricolore? Selon la Bundesbank, le PIB allemand — fortement pénalisé par la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine — pourrait à nouveau se contracter au troisième trimestre, ce qui marquerait son entrée en récession.

« A la différence de ce qui se passe actuellement Outre-Rhin, il n’y a pas de rupture en France », souligne Philippe Waechter. Un phénomène qui n’empêche pas la prudence. « L’Allemagne est le premier partenaire commercial de la France. La situation doit donc être surveillée de près », insiste Hélène Baudchon.

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