Déclaration de politique générale: les annonces de Valls

A 15 heures mardi 8 avril, dans un hémicycle probablement plein, Manuel Valls vivra son baptême du feu de chef du gouvernement en prononçant son très attendu discours de politique générale. Il posera dans la foulée la question de confiance à l’Assemblée (article 49.1 de la Constitution). S’il échouait, son gouvernement serait renversé. Mais cela paraît très improbable, le PS ayant à lui seul la majorité absolue (291 des 577 sièges).

Et les socialistes lui voteront leur confiance « de façon très majoritaire, voire quasi-unanime », a prédit mardi matin le patron du groupe PS Bruno Le Roux.

Gros enjeux

Les enjeux sont de taille pour Manuel Valls, qui a succédé à Jean-Marc Ayrault il y a une semaine jour pour jour. Ce discours doit avant tout donner un élan et mettre sur de bons rails le « gouvernement de combat » voulu par François Hollande après la gifle des municipales.

Proche de Manuel Valls, le député Jean-Jacques Urvoas a évoqué mardi un « discours de la méthode » court, centré sur quelques priorités, de la part de celui qui sera « plus chêne que roseau ».

Manuel Valls participera dans la matinée à la conférence des présidents de groupe à l’Assemblée, avant d’assister à la réunion du groupe PS.

Le 3 juillet 2012, son prédécesseur avait fait naître des doutes en livrant une prestation longue et sans saveur. Manuel Valls, qui se prépare avec ses conseillers depuis plusieurs jours, promet une prestation « concrète », à l’image de celle délivrée par Michel Rocard en 1988.

La réussite d’un discours de politique générale « se joue sur quelques phrases et quelques passages », a analysé ce dernier mardi matin.

Le Premier ministre enchaînera le lendemain par la nomination d’une dizaine de secrétaires d’Etat.

Suspense 

Autre enjeu: le fond de la politique économique et sociale du gouvernement. Le Premier ministre devrait ainsi dévoiler le pacte de responsabilité, une baisse du coût du travail proposée début 2014 aux entreprises par le chef de l’Etat.

Ce pacte sera complété par un autre de « solidarité », destiné à donner un peu de pouvoir d’achat aux Français, via sans doute une baisse des cotisations sur les bas salaires compensée par une suppression de la Prime pour l’emploi (PPE).

Manuel Valls est attendu, notamment par l’opposition, sur le détail des 50 milliards d’euros d’économies promises d’ici à 2017 sur les budgets de l’Etat (17 milliards d’euros), de la Sécurité sociale (23 milliards) et des collectivités (10 milliards).

Il devrait évoquer la réforme des rythmes scolaires, qui pourrait connaître des aménagements, la future loi pénale ou l’Europe, à quelques semaines des élections du 25 mai.

Autre enjeu majeur: rassembler une majorité qui donne de la voix, entre le refus des écologistes de participer au gouvernement et la pression exercée par une centaine de députés PS en faveur de nouvelles orientations économiques.

L’ancien ministre de l’Intérieur, qui veut balayer l’idée que son prédécesseur était le seul en mesure de rassembler toute la majorité, prend ces ruades au sérieux.

Dimanche, il a reçu à Matignon des parlementaires socialistes qui demandent la fin des politiques « d’austérité » en Europe. La rencontre semble avoir porté ses fruits. Ces élus – issus de la gauche du parti, proches de Martine Aubry ou Gauche populaire – voteront sans doute la confiance.

Et le vote écologiste ?

Vote pour ou abstention, les 17 députés écologistes trancheront mardi matin. Ils ont apprécié d’être reçus par le Premier ministre, qui promet de les consulter régulièrement, mais disent vouloir veiller au respect du pacte majoritaire conclu en 2012 avec le PS, qui a connu, selon eux, quelques entorses.

Les 17 radicaux de gauche entretiennent le suspense mais ils devraient in fine accorder la confiance à un gouvernement dont fait partie l’une d’eux, Sylvia Pinel (Logement).

Les dix députés du Front de gauche hésitent entre vote contre et abstention.

A droite, sans surprise, l’UMP (199 députés) et l’UDI (29, en l’absence de Jean-Louis Borloo) voteront contre, même si Valérie Pécresse a accordé mardi à Manuel Valls plus « d’autorité » qu’à son prédécesseur.

L’UMP Frédéric Lefebvre a indiqué cependant ne rien exclure sur son vote.

(Avec AFP)


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