Dette: les entreprises face à un pic de remboursements

Les entreprises à travers le monde, dont les émissions obligataires ont doublé depuis 2008, font face à un mur d’échéances de remboursement dans les trois prochaines années, s’inquiète l’OCDE dans une étude publiée lundi.

Le volume total de la dette contractée sous forme d’obligations par des sociétés non financières s’élevait à la fin 2018 à 13.000 milliards de dollars, soit plus de 4,5 fois le PIB de la France, selon ce document. Près d’un tiers, soit 4.000 milliards de dollars, doit être refinancé ou remboursé au cours des trois prochaines années.

Les investisseurs susceptibles d’y contribuer ont mis un coup de frein à leurs achats et « les émissions nettes globales d’obligations d’entreprises ont diminué de 41% en 2018 par rapport à 2017 », constate l’OCDE.

« Dans le cas d’un ralentissement, les sociétés fortement endettées auraient des difficultés à honorer leurs échéances, ce qui provoquerait en retour de moindres investissements et des ratios de défauts plus élevés qui pourraient aggraver les effets du retournement » conjoncturel, met en garde l’Organisation de coopération et de développement économiques dans ce texte.

Or un ralentissement économique mondial est déjà annoncé notamment par le Fonds monétaire international (FMI) dans ses dernières prévisions publiées en janvier, qui ont abaissé de 0,2 point à 3,5% la croissance du PIB global anticipée pour cette année.

L’organisation souligne qu’en 2018, l’appétit des investisseurs a diminué pour les obligations les plus risquées et donc les plus mal notées et que « la seule autre année durant laquelle cela s’était produit au cours des deux dernières décennies est 2008 », l’année de la crise financière.

« Une dégradation continue de la qualité des obligations »

Au moment où davantage de dettes vont devoir être remboursées ou refinancées, l’OCDE relève « une dégradation continue de la qualité des obligations » en dix ans. Ainsi la part des titres notés BBB, soit la note située juste au-dessus de la limite en deçà de laquelle le risque de faillite est considéré comme élevé, est passée d’environ 30% en 2008 à près de 54% dix ans plus tard. L’organisation internationale ajoute que cette évolution s’est faite au détriment des obligations les mieux notées (AAA ou AA).

Le gonflement des émissions au cours de la décennie passée a notamment été tiré par les entreprises chinoises, qui occupaient encore une place négligeable au début de la crise financière et sont devenues dès 2016 le deuxième émetteur d’obligations au niveau mondial.

La Chine, également confrontée à un ralentissement de sa croissance et à une explosion de la dette des ménages, a annoncé à la mi-février un durcissement des contrôles sur les dettes d’entreprises alors que se multiplient les défauts de paiement.

En Europe, l’importance du marché obligataire français a fortement progressé jusqu’à atteindre le même niveau que le britannique, à un peu plus de 20% du marché européen, tandis que la part du marché allemand stagne sous les 10%.

L’étude de l’OCDE s’est appuyée sur une base de données de 85.000 émissions de dettes d’entreprises non financières basées dans 114 pays.

(avec AFP)

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