Devant l'Assemblée, Emmaüs dénonce le « pognon de dingue » de l'évasion fiscale

Emmaüs a dénoncé lundi l’évasion fiscale, ce « pognon de dingue » qui échappe à l’Etat, en déposant des valises couvertes de billets symboliques devant l’Assemblée Nationale, ainsi que le projet de budget 2019 « injuste » qu’elle examine actuellement.

« Dans le budget 2019, on prend toujours plus aux pauvres alors que le pognon de dingue existe, c’est l’évasion fiscale », s’indigne Thierry Kuhn, 52 ans, ancien président d’Emmaüs France de 2014 à 2018. Au total, une cinquantaine de militants de l’association déguisés en Robin des Bois étaient mobilisés devant le Palais Bourbon, a constaté un journaliste de l’AFP.

En juin dernier, le président Emmanuel Macron avait regretté dans une vidéo qu’on mette « un pognon de dingue dans les minima sociaux », une phrase qui a fait polémique.

M. Kuhn a demandé « un budget de partage des richesses et de préservation des ressources naturelles », à rebours « du budget injuste et des mesures antisociales du gouvernement » comme « la suppression des contrats aidés », « la réduction des aides au logement (APL) » et « la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) ».

« Si on est dans la rue aujourd’hui, c’est parce qu’on a fait des dizaines de réunions avec le gouvernement mais qu’il nous a jamais écoutés », indique Catherine Mechkour-Di Maria, 53 ans, directrice générale d’Emmaüs Alternative. « On nous répond toujours qu’il faut équilibrer les comptes publics alors que 100 milliards d’euros partent dans l’évasion fiscale, c’est insupportable ! », s’exaspère-t-elle.

Les « valises de l’évasion fiscale » ont été déposées aux portes de l’Assemblée Nationale par les militants d’Emmaüs vers 15h, sorties d’un camion à l’effigie de l’Abbé Pierre, fondateur de l’association, sur lequel était écrit l’un de ses slogans : « Le contraire de la misère, ce n’est pas la richesse (…), c’est le partage ».

Tous couverts d’un bonnet vert, les manifestants étaient déguisés en « Robin de l’abbé », leurs versions de Robin des Bois, chargés de « prendre aux riches pour redonner de la dignité aux plus pauvres », a expliqué à l’AFP Thierry Kuhn.

Le député des Landes et porte-parole du parti socialiste, Boris Vallaud, est allé à leur rencontre et a rappelé au passage qu’il avait proposé en vain à la mi novembre un amendement dans le cadre du projet de loi de finance pour 2019 pour une plus forte taxation des entreprises là où elles font leurs bénéfices. « Ma proposition a été balayée en cinq minutes », a t-il regretté.

Étaient également présents des membres du mouvement citoyen contre le réchauffement climatique et pour la justice sociale Alternatiba, et du nouveau parti politique Place Publique, dont l’essayiste Raphaël Glucksmann, qui l’a lancé le 6 novembre.

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