Devises et taux : Le dollar et les taux US peu changés malgré une Fed plus restrictive

PARIS, 13 juin (Reuters) – Le ton plus restrictif adopté mercredi par la Réserve fédérale (Fed) s’est traduit par une brève remontée des rendements des emprunts d’Etat américains et du dollar, la banque centrale se disant toujours accommodante en dépit du relèvement de ses prévisions de hausses de taux pour 2018.

Le rendement des Treasuries à 2 ans n’évolue plus qu’à 2,5737% à l’issue de la conférence de presse du président de la Fed, Jerome Powell, après avoir atteint plus tôt un plus haut de dix ans, à 2,602%.

Le rendement des emprunts à 10 ans avance pour sa part de deux points de base, à 2,9792% contre 2,95% avant la décision de la banque centrale et un pic en séance à 3,01%.

Dans le même temps, le dollar est revenu sur les gains enregistrés après la parution du communiqué de la Fed et recule désormais de 0,24% face à un panier de devises de référence.

L’euro évolue à 1,1791 dollar après être tombé jusqu’à 1,1731.

Comme attendu, la Fed a relevé mercredi d’un quart de point la fourchette du taux des fonds fédéraux (fed funds) à 1,75%- 2%.

Elle a surtout confirmé les anticipations d’une hausse de taux supplémentaire en 2018 : la banque centrale prévoit désormais quatre hausses pour l’ensemble de l’année, contre trois auparavant.

Beaucoup d’intervenants de marché misaient sur un total de quatre hausses cette année en raison des solides indicateurs macroéconomiques parus récemment.

Malgré tout, le Fed a réitéré que sa politique monétaire restait accommodante et a maintenu inchangée sa prévision de trois hausses de taux en 2019.

QUID DE LA COURBE DES TAUX

La Fed a par ailleurs retiré dans son communiqué de politique monétaire la référence suivant laquelle elle pense que les taux seront en-deçà du taux neutre « pendant quelques temps ».

Lors de sa conférence de presse, le président de la Fed Jerome Powell a estimé que les taux d’intérêt se rapprocheront du niveau neutre l’année prochaine et qu’alors, il ne sera plus adapté de conserver le terme « accommodant » dans les communiqués de politique monétaire.

« L’objectif de taux à long terme reste à 2,9%, ce qui signifie que la politique monétaire s’approche du taux neutre plus rapidement que prévu », observe Neil Wilson, analyste marchés chez Markets.com.

« C’est important pour la courbe de taux et pourrait bien se traduire par une inversion plus rapidement que le marché ne l’a anticipé ».

L’aplatissement de la courbe des taux est perçu par beaucoup comme un signal négatif pour la croissance, l’inversion de cette courbe s’étant traduite historiquement par une récession économique.

« Je suis un peu plus inquiet qu’il y a un an mais en ce qui concerne une menace immédiate sur l’économie, je pense que c’est peu probable », indique Jason Ware, directeur des investissements chez Albion Financial.

A Wall Street, les principaux indices ont basculé dans le rouge, le Dow Jones et le S&P 500 cédant 0,2% à l’approche de la clôture.

Les marchés d’actions émergents ont aussi réagi de façon négative, bien que modérée, au relèvement des taux annoncé de la Fed. L’indice MSCI des marchés émergents a accru ses pertes après le communiqué de la banque centrale et perd 0,59%.

« Il est possible qu’avec une telle divergence continue de la politique monétaire par rapport à celle d’autres pays développés, le marché réexamine l’impact de cette décision sur les actifs à risque », prévient Antoine Lesné, directeur EMEA de la stratégie et de la recherche SPDR chez State Street.

« La réunion de la Banque centrale européenne (BCE) prévue jeudi prend désormais d’autant plus d’importance ».

(Blandine Hénault, édité par Marc Joanny)

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