Devises et taux : USA/Fed : Rien ne presse pour relever les taux, dit Powell

WASHINGTON, 11 mars (Reuters) – La Réserve fédérale ne ressent « aucun empressement » pour modifier à nouveau ses taux d’intérêt et prendra le temps d’évaluer comment le ralentissement de l’économie mondiale impacte les conditions d’activité aux Etats-Unis, a déclaré dimanche son président Jerome Powell.

Les taux sont à un niveau « approprié » et « globalement neutre », a dit Powell, invité de l’émission 60 Minutes sur CBS. Un niveau neutre pour les taux d’intérêt signifie qu’ils ne stimulent ni ne freinent l’activité économique.

Le ralentissement économique en Chine et en Europe et d’autres dossiers internationaux représentent les risques les plus importants pour les perspectives par ailleurs favorables de l’économie américaine, a-t-il dit, en jugeant peu probables des « issues très négatives. »

L’interview de Jerome Powell, huit ans après la venue d’un de ses prédécesseurs, Ben Bernanke, sur le même plateau pour expliquer les mesures agressives prises par la Fed pendant la récession de 2007-2009, a porté sur une grande variété de sujets, allant de la santé du système financier aux critiques de Donald Trump contre la banque centrale en passant par l’impact de la crise des opioïdes sur la main d’oeuvre.

La phase d’expansion qui commençait seulement avec la venue de Ben Bernanke à 60 Minutes en est maintenant à sa 10e année, avec un taux de chômage à son plus bas niveau historique et, a souligné Jerome Powell, des banques mieux capitalisées.

« La crise financière a fait beaucoup de mal à beaucoup de personnes et, bien sûr, tout ne pourra être rattrapé », a dit le président de la Fed. Mais « notre système est largement plus résilient et plus fort qu’avant la crise financière », même si les risques de cyberattaques restent une source d’inquiétude majeure.

« Il n’y a aucune raison que l’économie ne continue pas de croître », a-t-il estimé, ajoutant ne pas voir de signes de valorisation excessive des actions à Wall Street, ce qu’un autre président de la Fed, Alan Greenspan, avait désigné par l’expression restée célèbre d' »exubérance irrationnelle. »

Interrogé sur les critiques de Donald Trump, qui a taxé la Fed de « folie » pour avoir augmenté ses taux à quatre reprises en un an, Powell a fait savoir qu’il ne serait pas « approprié » de commenter directement les propos du président. Mais il a dit ne pas penser que le chef de l’Etat avait le pouvoir de le démettre en raison de divergences sur la politique monétaire.

L’objectif des fonds fédéraux, actuellement à 2,25-2,50%, reste bas au regard des comparaisons historiques.

La Fed a récemment adopté une approche « patiente » au regard de ses taux d’intérêt mais Powell a assuré que cela n’avait rien avoir avec le courroux présidentiel. La banque centrale ne prendra « jamais, jamais » des « considérations politiques » en ligne de compte lorsqu’elle décide du niveau des taux, a-t-il affirmé. (Howard Schneider, Véronique Tison pour le service français, édité par Blandine Hénault)


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