Dopées aux résultats, les Bourses europénnes vont-elles s’offrir un second souffle ? (Bourse Hebdo)

Poursuite de la hausse ou correction à l’horizon ? Les marchés européens, au plus haut depuis plusieurs mois, devront arbitrer dans les prochains jours, à l’aune de résultats d’entreprises plutôt bien orientés et de signes de redressement économique.

Malgré un léger effritement de leurs gains, les marchés européens sont restés campés cette semaine à proximité de leurs plus hauts en respectivement sept mois pour le Dax et le FTSE-100, et onze mois pour le CAC 40.

Nous avons connu « une semaine de répit », écourtée par le lundi de Pâques, mais « quand on regarde les principaux indices mondiaux, on est autour de 20% de hausse environ depuis le début de l’année », rappelle auprès de l’AFP Florence Barjou, responsable de la gestion diversifiée chez Lyxor AM.

Dans ce contexte, la grande question des investisseurs est de savoir si « les fondamentaux économiques et les résultats d’entreprises vont rester suffisamment bons pour permettre aux indices de poursuivre leur hausse sans marquer une pause un peu plus importante », explique-t-elle.

« Sur le plan macroéconomique, nous sommes dans un scénario où le ralentissement des derniers trimestres », qui a permis d’éviter une surchauffe, « peut permettre de prolonger le cycle », anticipe pour sa part auprès de l’AFP Isabelle Mateos y Lago, directrice générale au BlackRock Investment Institute.

Pour autant, la hausse des marchés actions « ne va pas continuer au même rythme jusqu’à la fin de l’année alors que nous sommes pratiquement aujourd’hui au niveau que les principaux analystes de marché s’attendaient à atteindre » à fin 2019, indique-t-elle.

Reste que les Bourses européennes sont pour l’heure portées par « des résultats plutôt bons » mais c’est notamment « parce qu’ils avaient été assez franchement révisés à la baisse » auparavant, souligne M. Barjou.

Conséquence : « même avec des publications finalement pas mirobolantes (…), les prix des actions se comportent bien », fait remarquer Mme Mateos y Lago, avec « une performance très largement partagée » par tous les secteurs.

Plus intéressant à noter, selon Mme Barjou, « les prévisions des entreprises redeviennent un peu plus positives », ce qui « a un côté assez rassurant » pour les investisseurs.

Entre « des politiques monétaires qui restent très accommodantes », une croissance attendue « au-dessus du potentiel un peu partout », et « des craintes de récession qui sont complètement effacées », il ne reste « pas beaucoup de place pour des surprises négatives », résume-t-elle.

Quant à la guerre commerciale, « le marché anticipe à 100% un accord d’ici mai », ajoute la spécialiste.

« Scénario parfait » mais jusqu’à quand ?

« Les données macroéconomiques donnent l’impression de s’améliorer, en tout cas en Chine et en Europe, même s’il faut rester prudent », relève de son côté Mme Mateos y Lago.

Ainsi « il nous semble que les marchés sous-estiment le potentiel d’un regain de tensions commerciales entre les Etats-Unis et l’Europe », complète-t-elle.

Le marché reflète pour l’instant dans ses prix « un scénario parfait », mais cela « les rend quand même un peu vulnérables à une correction à court terme », juge également Mme Barjou.

« Il y a quand même des risques qu’il ne faut pas négliger », poursuit-elle, à l’instar de la hausse des cours du pétrole, qui ont été propulsés cette semaine à des sommets en six mois par le durcissement des sanctions américaines contre l’Iran.

Avec une croissance de fin de cycle « qui reste très solide » et un taux de chômage historiquement bas, « il serait assez logique de voir l’inflation repointer le bout de son nez » aux Etats-Unis, observe Mme Mateos y Lago.

D’autant que la croissance de l’économie américaine s’est accélérée bien plus que prévu au 1er trimestre (+3,2%), dépassant les projections des analystes et même de l’administration Trump.

Plus tôt dans la semaine, ce sont les commandes industrielles de biens durables, en forte hausse en mars, qui ont largement dépassé les attentes.

« La question est de savoir comment va réagir la Fed », qui tient une réunion de politique monétaire mardi et mercredi, le marché s’attendant à ce qu’elle soit « prête à tolérer un dépassement temporaire de l’objectif de 2% » d’inflation, avance Mme Mateos y Lago.

Dans ce contexte, les données mensuelles sur l’emploi américain attendues la semaine prochaine seront particulièrement scrutées, tout comme l’indice ISM d’activité dans le secteur manufacturier ou encore les dépenses et revenus des ménages.

En Europe, les résultats d’entreprise continueront de mener la danse, avec notamment Airbus, Thales, Orange, BNP Paribas et Axa côté français tandis que BP, Shell, Sainsbury’s, LLoyds Banking Group et HSBC publieront outre-Manche.

En Allemagne, où les marchés seront fermés le 1er mai, comme à Paris, Lufthansa, Volkswagen, Adidas et BASF dévoileront également leurs chiffres trimestriels.

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