Economie : GB : La BoE avertit sur la complaisance des marchés sur les taux

(Actualisé avec citations de Carney)

LONDRES, 2 mai (Reuters) – Le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE) a prévenu jeudi que les investisseurs sous-estimaient sa capacité à durcir les conditions monétaires en fonction de l’évolution des discussions sur le Brexit après que le comité de politique monétaire de l’institution a maintenu inchangés les taux directeurs.

La banque d’Angleterre a dit qu’il y avait peu de risque immédiat à attendre une clarification sur les conséquences d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne pour l’économie et les neufs membres de son comité de politique monétaire se sont unanimement prononcés pour le maintien du taux de base à 0,75%.

Mais son gouverneur Mark Carney a clairement averti les investisseurs qu’ils étaient trop laxistes sur le rythme auquel la banque centrale pourrait être amenée à renouer avec la hausse des taux pour freiner la stimulation dont bénéficie l’économie britannique grâce à de très faibles taux depuis plus d’une décennie.

« Il n’y a pas assez de hausses (de taux) au vu de la courbe actuelle pour être en phase avec notre mandat », a-t-il déclaré à des journalistes.

Cette prise de position de la Banque d’Angleterre sur le besoin de hausses des taux à l’avenir tranche avec le biais accommodant de la Réserve fédérale américaine ou de la Banque centrale européenne, qui ont interrompu leur trajectoire de normalisation.

La banque centrale a relevé son estimation de croissance pour le premier trimestre à 0,5%, au lieu de la hausse de 0,2% qu’elle anticipait en février, en expliquant que les entreprises ont constitué des stocks en prévision de la sortie de l’Union européenne.

Pour le deuxième trimestre, elle prévoit en revanche un ralentissement à +0,2%.

Sa prévision de croissance pour l’ensemble de 2019 passe de 1,2% à 1,5%, celle pour 2020 de 1,5% à 1,6% et celle pour 2021 de 1,9% à 2,1%.

« La trajectoire sous-jacente du PIB semble être légèrement plus forte que ce qui était précédemment anticipé, tout en restant légèrement inférieure au potentiel », écrit la BoE dans son communiqué de politique monétaire.

La sortie du Royaume-Uni de l’UE, initialement programmée pour le 29 mars, a été reportée le mois dernier au 31 octobre, sauf si le Parlement vote un accord plus tôt.

Ce report supprime le risque immédiat d’un Brexit sans accord, dont la menace planait sur la précédente réunion monétaire de mars, mais prolonge une période d’incertitude dommageable pour les entreprises britanniques.

De ce fait, certains indicateurs économiques, comme les enquêtes auprès des entreprises, sont plus difficiles à interpréter, a noté la BoE, qui pour sa part continue d’anticiper une transition en douceur.

Avant les annonces de jeudi, les économistes interrogés par Reuters s’attendaient en moyenne à un maintien des taux directeurs jusqu’au début 2020 – quand le gouverneur de la BoE Mark Carney passera le relais à un successeur – et les marchés financiers ne situaient qu’à 35% la probabilité d’un resserrement cette année.

La BoE n’a relevé ses taux qu’à deux reprises depuis la crise financière de 2008, en novembre 2017 et en août 2018.

« Le comité continue de juger (..) qu’une poursuite du resserrement de la politique monétaire sur l’horizon de prévision, à un rythme progressif et d’une portée limitée, serait appropriée », lit-on dans le communiqué.

La livre sterling a accru ses gains en réaction au relèvement des prévisions de croissance mais a rapidement effacé son avance, tout comme l’indice FTSE-100 de la Bourse de Londres. (David Milliken et Andy Bruce, Véronique Tison et Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)


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