Emmanuel Faber, nouveau PDG de Danone, humaniste et atypique

Le PDG de Danone, Emmanuel Faber, à Jouy-en-Josas (Yvelines) le 30 août 2017-AFP/Archives/ERIC PIERMONT Le PDG de Danone, Emmanuel Faber, à Jouy-en-Josas (Yvelines) le 30 août 2017-AFP/Archives/ERIC PIERMONT

Le nouveau PDG de Danone Emmanuel Faber, âgé de 53 ans, patron humaniste et atypique, s’est fait connaître du grand public par un discours iconoclaste devant les diplômés d’HEC en juin 2016 plaidant pour la justice sociale.

« Désormais après toutes ces décennies de croissance, l’enjeu de l’économie, de la globalisation, c’est la justice sociale. Sans justice sociale il n’y aura plus d’économie », avait-il déclaré devant un parterre de futurs jeunes loups du commerce mondialisé, après avoir longuement décrit publiquement le destin de son frère, aujourd’hui décédé, atteint de maladie mentale.

« A cause de lui, j’ai découvert l’amitié de SDF, de temps en temps je vais dormir avec eux (…) je suis allé dans des bidonvilles à Dehli, Bombay, Nairobi, Djakarta, Aubervilliers, et à la jungle de Calais », a-t-il raconté.

Son discours, inhabituel dans la bouche d’un grand patron du CAC40, a depuis fait florès sur les réseaux sociaux.

En 2011, Emmanuel Faber avait écrit « Chemin de traverse, vivre votre économie autrement », qu’il a qualifié « d’anti-livre de management » dans une interview sur KTOTV, où il a dévoilé avoir été « très habité par Emmanuel Kant », puis par Martin Heidegger.

« Il y a eu une dérive des dogmes et des pratiques de l’économie, très marquée depuis 25 ans, vers la finance. Avec une l’idée que le rôle d’une entreprise, son but, c’est de maximiser la valeur qu’elle crée pour ses actionnaires », déclarait-il alors.

Un parcours atypique pour le dirigeant d’une des plus grosses entreprises d’agroalimentaire mondiale, mais cohérent avec la foi catholique qui anime cet homme mince à la mise toujours simple: chemise blanche sans cravate et jean.

– Poulain de Franck Riboud –

Né en 1964 à Grenoble, ce diplômé d’HEC commence sa carrière comme banquier d’affaires, avant d’entrer en 1997 chez Danone où il devient le fidèle lieutenant du fils du fondateur, Franck Riboud.

Il en gravit tous les échelons avant d’être nommé en 2008 directeur général délégué en charge des fonctions « corporate » comme les finances ou les ressources humaines, puis vice-président du conseil d’administration en 2011.

C’est Emmanuel Faber qui mènera les négociations avec le père du micro-crédit, Muhammad Yunus, pour lancer ensemble en 2006 une entreprise sociale au Bangladesh dont la mission était de renforcer les nutriments dans les yaourts avec l’idée de lutter contre la malnutrition infantile.

Pour préparer « dans les meilleures conditions » sa succession à la tête de l’entreprise, Franck Riboud avait déjà commencé à céder les manettes du groupe à son poulain en 2014, le nommant directeur général, tout en gardant la présidence.

Franck Riboud reconnaissait alors qu' »il y avait une grande part d’affect dans ce choix ». Mais il assurait aussi au quotidien Le Figaro: « Emmanuel connaît par coeur le groupe et a participé à toutes les grandes décisions stratégiques depuis le début ».

Arrivé dans un climat assez morose, avec des produits laitiers pâtissant de la crise en Europe et d’une situation délicate en Chine, Emmanuel Faber a depuis réussi à changer l’orientation du groupe avec le rachat du géant américain du bio WhiteWave qui devrait faire de Danone le leader mondial du bio ainsi que des produits laitiers frais.

M. Faber est marié et père de trois enfants.

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