ENI prêt à céder une part du gisement gazier découvert au large de l’Egypte

Affaire à suivre de très prêt ….

Alors que les nouvelles ressources énergétiques off-shores de Méditerranée bouleversent depuis quelques mois la géopolitique et l’économie des régions concernées, Israël étant d’un poids non négligeable sur le nouvel échiquier énergétique – le géant pétrolier Eni vient d’annoncer qu’il était prêt à céder une part de l’immense gisement de gaz naturel qu’il a découvert au large de l’Egypte. Volonté affichée : financer le développement de ce champ sans sacrifier ses dividendes.

Pour rappel, Eni a annoncé dimanche la découverte d’un champ d’hydrocarbures, baptisé Zohr, lequel s’étend sur environ 100 km2 et pourrait contenir jusqu’à 850 milliards de mètres cubes de gaz.

Une annonce bien accueillie en Bourse puisque lundi le titre Eni clôturait en hausse de 1,53% à la Bourse de Milan, cette dernière terminant en recul de 0,24%.

Dans une interview accordée au quotidien italien La Republicca, l’administrateur délégué Claudio Descalzi n’a pas exclu une éventuelle cession de certains lots, qui pourrait permettre de « donner de la valeur et de la solidité au bilan financier » du groupe.

Le groupe italien a déjà eu recours à cette pratique pour un gisement découvert au large du Mozambique, mais elle ne sera pas forcément indispensable dans le cas de Zohr, a toutefois ajouté Claudio Descalzi.

Lequel a tenu à préciser que les investissements étaient bien moins lourds qu’au Mozambique et que le gaz qui sera extrait du gisement égyptien sera destiné au marché local, où les prix du gaz sont déconnectés de ceux du pétrole.

Le montant des investissements initiaux pour lancer l’extraction de gaz s’élève à environ 3,5 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros), a estimé quant à lui lundi Khaled Abdel Badie, qui dirige la compagnie publique égyptienne de gaz Egas (Egyptian Natural Gas Holding). Ajoutant que « lorsque le développement du gisement sera achevé, le montant total des investissements atteindra 7 milliards de dollars ».

Selon Jason Kenney, analyste chez Santander, Eni pourrait chercher à monétiser une portion conséquente de ce gisement, peut-être jusqu’à 30% ou 40%, dans les trois ou quatre années à venir.

L’annonce de la découverte faite par ENI, relayée immédiatement par le ministère égyptien du pétrole, semble de prime abord une bonne nouvelle pour le régime al-Sissi, qui multiplie les appels du pied aux investisseurs internationaux.

Samedi, Claudio Descalzi, s’est rendu en personne au Caire pour présenter au président Sissi cette découverte, laquelle représente notamment à ses yeux “la possibilité de s’émanciper dans les décennies à venir d’une dépendance énergétique tellement contraignante qu’elle l’a obligé, à peine soixante-douze heures plus tôt , à signer à Moscou un accord difficile avec les Russes de Rosneft sur la fourniture de gaz liquide”.

Désormais, le gouvernement égyptien vise l’indépendance énergétique dans un délai de cinq ans, rapporte le journal égyptien Al-Ahram.

Ces nouvelles ressources voient le jour au moment même où l’Egypte est le théâtre d’une vague d’attentats perpétrés par la branche locale de l’Etat islamique (EI ou Daesh). Lequel pourrait être enclin de toucher le gouvernement égyptien en effrayant les investisseurs internationaux, le chaos pouvant toutefois profiter à certains. La menace terroriste affaiblissant le pays économiquement en diminuant sa manne touristique, le transformant ainsi en une proie facile pour des multi-nationales désireuses d’acquérir des licences à moindres frais ….

Certains analystes estiment qu’une telle découverte pourrait suffire à combler une partie du fossé énergétique de l’Egypte. Cette dernière devrait en toute probabilité tenter de couvrir ses besoins domestiques avant de planifier des exportations. Quoi qu’il en soit, les perspectives d’Israël d’exporter du gaz vers l’Egypte devraient s’en trouver grandement diminuées.

Reste que si l’on tient compte de la période minimale de quatre ans nécessaire au développement du projet, il faudra attendre environ 2020 avant que la production ne démarre sur le site de Shorouk.

Rappelons que depuis plusieurs années, la Méditerranée orientale est devenue une zone d’exploration gazière très active, notamment après la découverte d’importants gisements gaziers au large d’Israël et de Chypre.

Le journal italien « La Stampa » estime que la nouvelle se trouve également être fort réjouissante pour l’Italie, elle dont “l’approvisionnement énergétique dépend des apports de la Russie et de l’Afrique du Nord, qui sont entravés par les guerres civiles en Ukraine et en Libye”.

Face à cette insécurité, “la découverte égyptienne incarne une alternative valide. Une sorte de ‘seconde Libye’” considère même la Stampa.

Laquelle rappelle également l’intérêt d’Edison – entreprise énergétique italienne détenue par EDF – pour deux gisements israéliens. Or, selon le journal, le Premier ministre israélien a tout intérêt à ce que l’Egypte exploite ses ressources gazières, militant lui-même pour la libéralisation du secteur gazier. « Le développement d’une production concurrente sur le marché européen, jordanien et nord-africain, fournit à Benyamin Nétanyahou un argument de taille dans ce combat » ajoute la Stampa.

Elisabeth Studer – 02 septembre 2015 – www.leblogfinance.com

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