Espagne : 8 autoroutes en redressement judiciaire, le gouvernement tente d’y remédier

Le gouvernement espagnol a beau jeu d’affirmer à cor et à cri aux marchés et aux Espagnols que l’Espagne est sortie de la crise car la réalité est tout autre … La preuve en est ?

Selon le journal El Pais, huit autoroutes espagnoles sont en redressement judiciaire, leur dette globale s’élevant à plus de 3,6 milliards d’euros.

Raisons principales d’une telle situation : le ralentissement du trafic sur les voies à péage, la crise poussant les automobilistes à restreindre leurs déplacements. En 2013, une moyenne de 16.000 usagers par jour a été enregistrée, en baisse de 3,6% par rapport à 2012. Au final, un niveau semblable à celui observé à la fin des années 1990.

En vue de limiter les dégâts, la ministre des Transports, Ana Pastor vient d ‘annoncer que le gouvernement espagnol réfléchissait à une solution pour venir en aide aux autoroutes espagnoles.

S’exprimant dans un entretien au quotidien espagnol, cette dernière a par ailleurs reconnu que dix autoroutes étaient actuellement confrontées à des problèmes, la circulation ayant chuté de manière très brutale et les coûts des expropriations des terrains ayant fait grimper les charges des sociétés.

« Le gouvernement travaille sur plusieurs alternatives pour trouver une solution à ce problème », a par ailleurs indiqué la ministre.

Parmi l’un des scénarios envisagés : la création d’une entreprise publique permettant d’héberger ces actifs douteux. Solution qui devrait entraîner toutefois des décotes pour les promoteurs de ces infrastructures et les banques créancières.

Autre option envisagée : « changer la Loi de contrats de l’Etat, pour modifier le modèle de concession » auto-routière.

« Les deux options sont ouvertes, mais quelle que soit la décision que nous prenons, elle n’aura aucun impact sur le porte-monnaie des Espagnols, ni sur le déficit public », a par ailleurs assuré Ana Pastor. Cette dernière se voulant résolument optimiste en ajoutant que « pour la première fois depuis 2008, le trafic routier espagnol a augmenté en novembre ».

Frappée depuis quelques mois par l’éclatement d’une bulle immobilière, l’Espagne se voit désormais confrontée à l’éclatement d’une nouvelle bulle : la bulle des infrastructures. Laquelle n’a pas fini de faire des remous.

Rappelons en effet, que parallèlement à la frénésie de construction observée dans le pays ces dernières années, l’Espagne l’Espagne s’est dotée de tant de capacités autoroutières … qu’elle est devenue le leader européen en terme de kilomètres d’autoroutes.

Mais le modèle économique s’est encore une fois avéré trop tendu, reposant sur une dette excessive , la chute de fréquentation ne permettant plus d’équilibrer les comptes.

Un contexte qui rejaillit sur les groupes de BTP espagnols, le gouvernement freinant les dépenses d’infrastructures. Les professionnels espagnols se plaignent ainsi d’une insuffisance d’activité domestique … qui les contraint à trouver des chantiers de l’autre côté des Pyrénées pour éviter de mettre la clé sous la porte. En cassant les prix …

« De janvier à octobre, les firmes espagnoles ont remporté pour 30 milliards d’euros de contrats internationaux, contre 23 milliards en 2012 », a ainsi précisé la ministre. Une situation qui est loin de faire l’affaire des groupes de BTP français.

Sources : AFP, Les Echos, Le Figaro

Elisabeth Studer – 04 janvier 2014 – www.leblogfinance.com


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