Europe: Hollande pour une gouvernement économique

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François Hollande a relancé jeudi 17 mai devant 400 journalistes français et étrangers la vieille idée d’un gouvernement économique de la zone euro dans l’espoir de renforcer la cohésion d’une Europe en quête de croissance, alors que la France est entrée en récession.

Même si les contours précis et le calendrier de cette proposition restent encore flous, François Hollande en a esquissé les grandes lignes. Ce gouvernement, a-t-il précisé lors de sa deuxième grande conférence de presse semestrielle à l’Elysée, « se réunirait tous les mois autour d’un véritable président nommé pour une durée longue ».

Il « débattrait des principales décisions de politique économique à prendre par les Etats membres, harmoniserait la fiscalité, commencerait à faire acte de convergence sur le plan social, par le haut, et engagerait un plan de lutte contre la fraude fiscale », a-t-il encore détaillé.

« sortir l’Europe de sa langueur »

Cette initiative pour « sortir l’Europe de sa langueur » compterait trois autres points, l’emploi des jeunes, la politique énergétique commune ainsi qu' »une nouvelle étape » de l’intégration européenne avec la capacité pour la zone euro de lever progressivement l’emprunt.

Elle s’inscrit aussi dans le droit fil du chantier de la coordination des politiques économiques ouvert en décembre 2012 par un sommet européen et qui doit faire l’objet de propositions du président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, attendues en juin.

Début février déjà, s’exprimant devant le Parlement européen à Strasbourg, François Hollande avait estimé que l' »intégration budgétaire, fiscale, sociale » appelait « une union politique plus forte » au risque d’être « hémiplégique ». Il plaidait déjà pour « un gouvernement de la zone euro ».

A travers cette idée, la France ferait prévaloir aussi celle d’une politique économique commune en regard de la politique monétaire conduite la Banque centrale européenne (BCE).

Les Français se détachent du projet européen

Mais au-delà des questions strictement économiques, François Hollande entend manifestement redonner corps au projet européen alors que les Français s’en détournent de plus en plus.

Une enquête publiée la semaine dernière indiquait que ce projet ne ralliait plus que 41% d’opinions favorables soit une chute de 19 points en un an. Ils ne sont plus aussi que 22% à soutenir l’intégration économique qui a fondé la construction européenne.

Le chef de l’Etat a expliqué jeudi que son « devoir » était « de réduire la désaffection des peuples qui ne peut que compromettre l’avenir même de l’Union européenne » .

Un gouvernement économique envisagé dès 1989

L’idée d’un gouvernement économique européen est un serpent de mer de la politique européenne de la France. Jacques Delors l’avait envisagée dès 1989 dans un rapport sur l’union économique et monétaire (UEM) et avait vainement tenté de l’imposer lors de la discussion du traité de Maastricht. Lionel Jospin l’avait également prônée, sans succès, et la chancelière allemande Angela Merkel l’avait évoquée en 2010, tirant les conséquences de la crise économique et financière de 2008. A droite Edouard Balladur en avait aussi plaidé la cause.

Quant à la convergence fiscale et sociale à laquelle ce gouvernement économique devrait s’atteler, il s’agit d’un souhait récurrent de la France, qui n’a jamais abouti.

Plus récemment, le ministre de l’Economie Pierre Moscovici avait défendu en novembre dernier la nomination d’un « ministre » de la zone euro et demandé « plus de solidarité » entre ses membres.

Le centriste Jean-Louis Borloo, président de l’UDI, a salué jeudi soir, « le fait que le président Hollande ait enfin répondu à la proposition initiale de l’été 2011 de Mme Merkel et de M. Sarkozy sur un gouvernement économique ».

Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, a à l’inverse dénoncé une initiative de « Merkel repeinte aux couleurs » de la France.

(Avec AFP)


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