Fessenheim : la centrale à l’arrêt total en pleine polémique sur sa prochaine fermeture

Inquiétude à prévoir dans l’Hexagone, et tout particulièrement en Alsace … mais également en Allemagne. EDF vient d’annoncer que la production de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) a totalement cessé depuis samedi soir.
Raisons invoquées : un défaut d’étanchéité a conduit à l’arrêt de son unité de production n°1 alors même que la n°2 avait été arrêtée la veille pour maintenance.
Dans un communiqué, EDF précise que samedi à 18H55, l’unité de production n°1 a été mise à l’arrêt suite à un défaut d’étanchéité constaté sur une tuyauterie située en aval du condenseur, dans la salle des machines (hors zone nucléaire).

Le groupe énergétique a par ailleurs indiqué que les équipes de la centrale établissaient actuellement un diagnostic en vue de déterminer les causes exactes de l’incident. Selon EDF, ce dernier n’aurait aucune incidence sur la sûreté des installations, l’environnement et la sécurité du personnel.

La seconde unité de production de Fessenheim a quant à elle été arrêtée dans la nuit de vendredi à samedi, et ce, pour plusieurs semaines. Il s’agit d’un arrêt programmé pour maintenance et rechargement du combustible.

Dotée de deux réacteurs de 900 mégawatts chacun, Fessenheim est la plus vieille centrale en activité du parc nucléaire français (depuis 1978). Argument de poids pour les anti-nucléaires pour réclamer sa fermeture et son démantèlement depuis des années.
Conformément à une promesse de campagne de François Hollande, le site devrait fermer lors de la mise en service prévue en 2017 de l’EPR de Flamanville (Manche).

Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, a quant à elle laissé entendre que des alternatives à la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim pourraient être mises en avant.

Ce qui avait fait très vivement réagir la ministre allemande de l’Environnement en janvier dernier, cette dernière priant la France de fermer le plus rapidement possible la centrale.

L’Allemagne réagissait ainsi aux propos de la ministre s’exprimant dans le journal « l’Usine Nouvelle » affirmant qu’il fallait «  programmer la construction d’une nouvelle génération de réacteurs, qui prendront la place des anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées ».

Elle explique aussi : »Le plafonnement de la puissance nucléaire signifie que, lorsque le réacteur EPR de Flamanville dans la Manche va ouvrir, deux autres devront fermer. À ce stade, c’est Fessenheim puisqu’il n’y a pas d’autres propositions sur la table. »

Dans un courrier daté du 12 janvier, fourni par l’organisation Sortir du Nucléaire, la ministre allemande rappelait qu’en 2014,  »le président François Hollande a une nouvelle fois confirmé la décision de fermer Fessenheim ». Demande à être informée du  »calendrier et des procédures que vous avez l’intention de suivre pour l’arrêt de Fessenheim ».

« Comme vous le savez la population vivant dans les zones frontalières est très préoccupée par la sûreté de la centrale. Je vous prie de tout cœur de prendre en compte ces préoccupations lorsque vous pèserez le pour et le contre, et (…) de prévoir l’arrêt de Fessenheim à une échéance aussi rapide que possible », avait-elle  insisté. Avant de concéder cependant que la décision ne relevait au final que  »de la décision souveraine de la France ».

Le 14 janvier dernier, auditionné sur la loi de transition énergétique par la commission des affaires économiques du Sénat, le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy avait déclaré pour sa part que le gouvernement lui avait « demandé de considérer que le projet qu’il mène aujourd’hui, c’est la fermeture des deux tranches de Fessenheim ». Ajoutant que si l’entreprise le proposait, une analyse des alternatives pourrait être menée.

« Deux autres tranches de 900 mégawatts pourraient être fermées », avait-il ainsi indiqué, précisant travailler sur ce sujet, sans toutefois fournir de plus amples détails.

Le 15 janvier dernier, Ségolène Royal réaffirmait ses propos au grand dam des principaux dirigeants d’Europe Ecologie les Verts.

Elisabeth Studer – 1er mars 2015 – www.leblogfinance.com


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