Fessenheim : un réacteur arrêté, suite aux anomalies constatées au Creusot

Fessenheim n’avait pas besoin de cela …. Alors que la poursuite de son activité provoque l’hostilité des écologistes et de l’Allemagne, la centrale nucléaire a dû arrêter son réacteur n°2 le 13 juin dernier.

Certes, il ne s’agit en aucun cas d’une mise à l’arrêt en urgence du réacteur, insiste un porte-parole d’EDF, de telles mesures ont été prises pour procéder à des contrôles sur un générateur de vapeur, suite à la découverte d’anomalies à l’usine du Creusot d’Areva.

L’arrêt, annoncé jeudi par l’Autorité de Sûreté nucléaire (ASN), « s’inscrit dans le cadre d’une opération programmée de maintenance, simplement anticipée de quelques jours », a ainsi déclaré EDF. Le groupe énergétique avait notamment prévu de renouveler une partie du combustible cet été.

Selon les précisions données par Julien Collet, directeur général adjoint de l’ASN, la problématique de Fessenheim est quelque peu similaire à celle de la cuve du réacteur EPR. Il estime possible que l’on soit en présence d’une concentration en carbone trop élevée sur certaines zones d’un des composants du générateur de vapeur. Or, une trop forte concentration en carbone peut entraîner une moindre capacité d’un matériau à résister à un choc et à la propagation de fissures.

Julien Collet a par ailleurs indiqué qu’EDF avait réalisé des analyses techniques sur la pièce potentiellement concernée, et a souhaité par la suite les conforter par des mesures pour vérifier qu’il n’y a pas de risque au regard de la sûreté.

Durant le mois de mai dernier, Pierre-Franck Chevet, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire, avait indiqué que les anomalies détectées sur la cuve de l’EPR en cours de construction à Flamanville concernent d’autres réacteurs nucléaires en exploitation en France.

« Actuellement, les recherches se poursuivent pour regarder dans les historiques de fabrication pour voir si cette anomalie (…) identifiée sur la cuve de l’EPR a pu concerner des composants en exploitation. La réponse est oui, il y en a », a ainsi déclaré lors d’une audition au Sénat. Pierre-Franck Chevet avait par ailleurs ajouté que l’ASN était être actuellement en discussions avec EDF pour « voir quel est l’impact sur la sûreté de ces anomalies ».

Rappelons que ces dernières, annoncées en avril 2015, concernent le couvercle et le fond de la cuve de l’EPR dont l’acier contient par endroits une trop forte concentration de carbone, entraînant une « résilience mécanique » plus faible qu’attendu.

Un programme d’essai a été engagé, en concertation avec l’ASN, afin de s’assurer de la conformité de ces éléments avec les normes de sûreté. A la mi-avril 2016, Areva et EDF ont indiqué que de nouveaux tests étaient nécessaires sur le couvercle et le fond de la cuve du réacteur, construits à l’usine Areva du Creusot. Ces vérifications entraîneront de facto des décalages supplémentaires dans l’homologation de ces éléments par l’ASN.

A la date du 15 juin, EDF a indiqué à l’ASN avoir terminé la caractérisation de 79 des 80 irrégularités identifiées à ce stade comme affectant ses réacteurs en exploitation, indique l’ASN dans un communiqué. EDF conclut que ces irrégularités n’ont pas de conséquence sur la sûreté des réacteurs concernés, ajoute l’ASN. L’irrégularité encore en cours de caractérisation concerne celle de Fessenheim.

L’ASN indique par ailleurs avoir été informée par Areva que des irrégularités avaient également été identifiées sur des composants fabriqués pour le réacteur EPR en construction à Flamanville. L’ASN ne dispose pas à ce stade d’élément sur leur nature et leurs conséquences, tient-elle à préciser. Les investigations se poursuivent et sont susceptibles de mettre en évidence de nouvelles irrégularités, avertit enfin l’ASN.

Pour Julien Collet, la priorité est de vérifier que les anomalies détectées n’ont pas d’impact sur la sûreté des centrales en fonctionnement. Les dossiers sont en cours d’instruction par l’ASN, mais tous les cas sont différents. Il précise par ailleurs que le redémarrage d’un réacteur nécessite l’instruction complète du dossier.

Jeudi dernier, la ministre de l’Environnement et de l’Energie, Ségolène Royal, a redit que le processus de fermeture de la centrale de Fessenheim devait être lancé cette année. Rappelons qu’en vertu de la loi de transition énergétique, la centrale alsacienne devrait fermer parallèlement à l’entrée en service du réacteur EPR prévue fin 2018.

Sources : AFP, ASN

Elisabeth Studer – 18 juin 2016 – www.leblogfinance.com

Le Blog Finance