Fin de vol pour la compagnie Joon chez Air France

C’était dans les cartons depuis l’arrivée en août dernier de Benjamin Smith, le nouveau directeur général d’Air France-KLM : l’arrêt de la compagnie à coûts réduits Joon. Treize mois à peine après son lancement, la filiale du flagship tricolore sensée séduire les millennials et contrer la concurrence des compagnies du Golfe n’a visiblement pas convaincu le nouveau patron canadien désireux de simplifier le portefeuille de marques du groupe, comme l’avait révélé Le Figaro le mois dernier.

A l’issue d’un accord signé par la direction et les syndicats, la filiale va donc être absorbée par Air France. « A terme, les appareils vont retrouver les couleurs d’Air France et la marque Joon va disparaître, » confirme-t-on dans l’entourage de la direction. En 2020, il était prévu que la flotte de Joon atteigne 28 appareils, dont dix nouveaux long-courriers A350. Côté social, les 600 hôtesses et stewards, salariés de Joon, vont être réintégrés dans le groupe. Sachant que le reste du personnel, notamment les pilotes, étaient déjà salariés de la maison-mère.

Cet arrêt de la filiale pose toutefois la question de la réduction des coûts sensée améliorer la performance du moyen-courrier d’Air France. Les personnels navigants commerciaux (PNC) de Joon étaient embauchés à des coûts de près de 40% inférieurs à ceux d’Air France. Ces derniers temps, ils remettaient en cause leurs salaires jugés trop bas, des rythmes de rotation éprouvants et leurs conditions d’hébergement. Ils bénéficieront désormais des mêmes conditions de salaires et de travail que ceux de leurs homologues au sein de la maison-mère. « Je suis très heureux de ce nouvel accord équilibré, qui représente l’aboutissement des discussions catégorielles avec nos personnels navigants commerciaux a déclaré Ben Smith, dans un communiqué publié jeudi 10 janvier. En collaboration avec la SNPNC, l’UNAC, et l’UNSA-PNC, nous avons été en mesure de résoudre de nombreuses préoccupations de nos PNC, tout en travaillant simultanément à aligner leurs intérêts sur ceux d’Air France. »

Relancer une stratégie premium

L’arrêt de Joon, bien que rentable, mais considérée par de nombreux clients et spécialistes du secteur comme un produit trop hybride, signe aussi la volonté du nouveau patron de relancer une stratégie premium à Air France avec un positionnement plus lisible, à l’image haut de gamme, développé en parallèle à celui de la marque low cost du groupe, Transavia.

« Malgré les impacts incontestablement positifs de Joon, notamment le travail remarquable des équipes qui ont lancé et fait vivre la compagnie, la marque a dès le début été difficilement comprise par les clients, par les salariés, par les marchés, par les investisseurs, poursuit le directeur général dans son communiqué. La multiplicité des marques a créé de la complexité et a malheureusement affaibli la puissance de la marque Air France. L’intégration de Joon au sein d’Air France devrait apporter de nombreux avantages, notamment l’harmonisation de la flotte, des produits, de la marque. La gestion des opérations serait améliorée grâce à une flotte commune d’avions. »

Reste à savoir comment Ben Smith entend améliorer la rentabilité des lignes desservies par Joon. Il y a encore 18 mois, 35% des lignes long-courriers d’Air France étaient encore dans le rouge. Sur le moyen-courrier, le taux de lignes déficitaires atteignait même 80%. Pour l’heure, tous les vols Joon actuellement vendus ou à la vente seront assurés par la filiale jusqu’à la finalisation du projet puis repris par Air France, précise-t-on chez Air France.

 

 

Challenges en temps réel : Entreprise