France : Des renforts de gendarmes à Saint-Martin et Saint-Barth

PARIS, 9 septembre (Reuters) – Le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé samedi soir l’envoi de 240 gendarmes supplémentaires et de trois compagnies de soldats dans les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, dans les Caraïbes, pour assurer la sécurité de la population.

Ces îles dévastées par l’ouragan Irma sont de nouveau en vigilance violette, à l’approche d’un nouvel ouragan, José. Selon Edouard Philippe, il faut s’attendre dans les heures à venir à des vents d’environ 120 km/h, des pluies torrentielles et une houle avec des creux de plus de sept mètres.

De nombreux témoignages font état de pillages, en particulier à Saint-Martin, malgré l’envoi en renforts, jusque-là, de 1.105 agents divers, gendarmes, policiers, personnels de la sécurité civile, militaires et personnels de santé.

« Les pillards sont là, bien présents. Ils n’hésitent pas à agresser les gens dans leurs maisons », a ainsi déclaré à France Inter une infirmière, selon qui certains utilisent des armes.

D’après le ministère de l’Intérieur, six personnes ont été interpellées dans la nuit de vendredi à samedi, ce qui porte à 11 le nombre d’arrestations.

Les nouveaux renforts de gendarmes et de militaires s’échelonneront dans les prochains jours à partir de dimanche, a précisé Edouard Philippe à l’issue d’une réunion autour du chef de l’Etat, Emmanuel Macron, au Palais de l’Elysée.

Le directeur général de la Sécurité civile, Jacques Witkowski, avait auparavant dit que le procureur de Basse-Terre (Guadeloupe) était à Saint-Martin depuis plus de 24 heures avec des magistrats et le président du tribunal de grande instance.

UN COÛT DE 1,2 MILLIARD POUR LES ASSURANCES

Le coût pour les assurances d’Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélemy est évalué à 1,2 milliard d’euros par la Caisse centrale de réassurance (CCR) détenue par l’Etat français.

« Ce montant recouvre les dommages aux habitations, aux véhicules et aux entreprises (dont leurs pertes d’exploitation), qui sont couverts par le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles », a précisé samedi la CCR dans un communiqué.

« Ce sinistre (..), l’un des plus importants survenus en France depuis 35 ans, sera couvert par les provisions constituées par CCR et les assureurs », ajoute le groupe.

Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a signé l’arrêté reconnaissant l’état de catastrophe naturelle, publié au Journal officiel. Conformément au régime d’indemnisation instauré en 1982, la CCR dit être habilitée à délivrer aux sociétés d’assurance une couverture de réassurance illimitée bénéficiant de la garantie de l’Etat.

Selon un bilan provisoire, Irma a fait au moins dix morts et 112 blessés dans la partie française de Saint-Martin et à Saint-Barthélemy. Sept personnes sont portées disparues.

Un système de distribution d’eau et de nourriture, notamment de rations militaires, a été mis en place, comme l’acheminement à partir de la Guadeloupe de médicaments indispensables.

Celui-ci « reprendra dimanche après que le cyclone José aura franchi Saint-Barthélemy et Saint-Martin », a précisé Edouard Philippe, selon qui huit des 11 pharmacies de Saint-Martin ont été détruites et les trois autres pillées.

COUVRE-FEU

EDF a annoncé vendredi qu’une alimentation électrique d’urgence avait été rétablie après le redémarrage de la centrale thermique de chaque île. Le courant a ainsi pu être rétabli dans les hôpitaux des deux îles et à l’aéroport de Saint-Barthélemy.

« Le manque d’électricité et la dégradation de nombreux équipements et infrastructures rendent dangereux les déplacements nocturnes à Saint-Martin », a cependant averti le ministère de l’Intérieur sur son compte Twitter.

Pour réduire les risques humains et matériels, la préfecture de Saint-Martin a décidé de restreindre la circulation des personnes et des véhicules sur l’île de 19h00 à 07h00 jusqu’à mercredi, a précisé le ministère de l’Intérieur.

Jacques Witkowski a annoncé de son côté qu’un pont aérien et un pont maritime allaient être mis en place, notamment avec des avions et des navires des forces armées, dont le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre, qui appareillera de Toulon dans les prochains jours avec quatre hélicoptères et des véhicules à bord.

Selon le ministère de l’Intérieur, 200 militaires et des moyens du génie seront aussi acheminés par ce navire et un bateau-citerne appareillera « dès que possible » avec 350 tonnes d’eau à destination de la population locale.

Une centaine de pompiers doivent enfin renforcer les quelque 450 sapeurs et membres de la sécurité civile déjà mobilisés. (Emmanuel Jarry, édité par Jean-Philippe Lefief)

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