Gambie : tentative de coup d’Etat dans un pays enclavant le territoire stratégique du Sénégal

Inquiétude à prévoir pour le Sénégal et au delà pour toute l’ Afrique de l’Ouest et notamment le transit des matières premières en provenance du Mali et du Niger  et à destination du port de Dakar et de Banjul (Gambie) ? On peut le redouter.
Des militaires gambiens viennent en effet de tenter de prendre le pouvoir dans leur pays, profitant de l’absence de leur Président – en en visite privée à Dubaï, aux Emirats arabes unis – pour ce faire.

Rappelons à toutes fins utiles que la Gambie constitue une sorte d’enclave au sein du Sénégal, son territoire s’étant constitué à partir des deux rives du fleuve éponyme, le cours d’eau constituant une sorte de frontière naturelle séparant la Casamance sénégalaise du la partie Nord du pays.
Le président gambien, Yahya Jammeh dirige le pays depuis 1994. Il est lui-même arrivé à la tête du pays à la faveur d’un coup d’État.

Mardi, l’armée gambienne – restée loyale au président Yahya Jammeh – a tué trois des auteurs du putsh perpétré au tout début de la journée, dont le cerveau présumé de l’attaque.

« Les assaillants ont visé le palais présidentiel alors que le président Jammeh était hors du pays et ils ont été repoussés par l’armée. Ils étaient commandés par un ex-capitaine du nom de Lamin Sanneh », a affirmé un officier. Il s’agit plus précsiément de l’ancien Commandant des Forces armées. Lequel serait venu attaquer la présidence avec six autres militaires lourdement armés.

Un autre assaillant a été capturé sur les lieux. Il a été remis à la NIA (Agence nationale du renseignement) pour interrogatoire a par ailleurs ajouté la même source.

Les putchistes auraient pénétré dans le pays, via le Sénégal, où l’opposition en exil a trouvé refuge. Ils sont en effet arrivés par pirogue à Marina Parade pour attaquer le palais, situé sur la corniche est de Banjul, la capitale gambienne. Laquelle est désormais quadrillée par des soldats. Les policiers patrouillent dans des rues, elles-même désertées par les civils.

Mercredi, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, s’est inquiété de la situation en Gambie.
« Le Secrétaire général suit de près les développements en Gambie », a dit son porte-parole dans un communiqué de presse. « Il réitère la condamnation de principe des Nations Unies de toutes les tentatives de prise de pouvoir par des moyens anticonstitutionnels. Se référant à des informations indiquant que la situation est calme à Banjul, il appelle toutes les parties à faire preuve de retenue et à s’abstenir de toute nouvelle violence ».

Le Secrétaire général a par ailleurs encouragé la mise en place d’une enquête transparente sur les événements du 30 décembre. Son porte-parole a par ailleurs ajouté que « l’Organisation des Nations Unies continuera de suivre de près la situation ».

Parallèlement, le Conseil de sécurité s’est réuni à huis clos pour discuter de la situation en Gambie.

Le gouvernement sénégalais a quant à lui condamné « fermement » la tentative de renversement du régime du président Yahya Jammeh en Gambie, a déclaré mercredi le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur dans un communiqué.

Selon le texte, le Sénégal, fidèle aux principes et aux valeurs qui fondent sa politique étrangère, réaffirme son « opposition à la violence et à tout changement anticonstitutionnel de gouvernement comme mode d’accès au pouvoir ».

Par ailleurs, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), une ONG basée à Dakar, a déclaré mercredi que la mutinerie de soldats gambiens intervenue en Gambie est « un avertissement solennel » au président Yahya Jammeh. La RADDHO a été fondée en 1990 au Sénégal par un groupe d’intellectuels africains, ayant pour objectif de promouvoir le droits de l’homme.

En tout état de cause, l’événement pourrait être d’une importante majeure pour le trafic de marchandises (routier et maritime) à destination et en provenance de l’Afrique de l’Ouest.

Afin d’argumenter nos propos, rappelons ainsi qu’en juin 2014, la multinationale de l’armateur italien, Grimaldi a pris l’option de se tourner vers le port de Banjul (Gambie) pour abriter une grande partie de ses activités logistiques, quelques peu en difficulté.
Une décision prise sept mois après le retour du groupe Bolloré dans les eaux sénégalaises, lequel avait alors pris sa revanche sur l’opérateur logistique émirati, Dubaï Ports World.

L’italien Grimaldi était alors en négociations très avancées du côté de Banjul en vue d’externaliser une grande partie de ses activités logistiques dans les eaux gambiennes.
La presse sénégalaise avait alors indiqué que « la position stratégique du Port de Banjul » avec son statut de «free port» et ses tarifications souples avait « beaucoup joué à la nouvelle option du groupe logistique italien.

Sources : Agences de Presse, Jeune Afrique, Xinhua, ONU

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 01 janvier 2015

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