General Electric et Google rencontrent Castro in extremis avant l’arrivée de Trump

Les grands groupes américains tels que Google et General Electric semblent vouloir prendre les devants avant l’arrivée effective de Donald Trump à la Maison Blanche. Ou plutôt même ne pas perdre une seconde … le temps étant compté.

Alors que le futur président républicain affiche d’ores et déjà son peu d’enclin à normaliser les relations entre les Etats-Unis et Cuba, les géants US comptent bien profiter du réchauffement récemment opéré par l’équipe d’Obama.

C’est ainsi que le président de la Chambre de commerce américaine a rencontré vendredi dernier le président cubain Raul Castro et d’autres responsables de la politique économique cubaine. Opposée à l’embargo commercial imposé à Cuba par les Etats-Unis, la Chambre a vu d’un bon oeil le processus de normalisation entre les Etats-Unis et Cuba enclenché par le président démocrate fin 2014. D’autant plus que ce processus prévoit la signature de 17 accords entre les deux pays.

Avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump vendredi prochain, la Chambre de commerce US demande notamment au gouvernement cubain de signer un certain nombre d’accords négociés ces 18 derniers mois avec de grandes entreprises américaines. Rappelons que lors d’un meeting de campagne à Miami, en Floride, où vivent de nombreux exilés cubains, le candidat républicain avait déclaré qu’il chercherait à revenir sur l’ouverture entre les Etats-Unis et Cuba, sauf si la liberté de religion était établie dans l’île communiste et si les prisonniers politiques étaient libérés.

Si, certes, les touristes américains sont plus présents à Cuba et que les vols directs entre les deux pays sont désormais autorisés, le réchauffement semble être pour l’instant plutôt en faveur des finances cubaines … voire même des finances de la famille Castro, si l’on en croit certains medias.

Début décembre, le gouvernement cubain avait indiqué que Cuba et les Etats-Unis allaient dresser une feuille de route pour approfondir la détente entre les deux pays durant la cinquième commission bilatérale Etats-Unis-Cuba. Cette dernière intervenait en pleine incertitude sur les relations entre les Washington et La Havane compte tenu de la promesse du futur président des Etats-Unis de mettre fin à la détente si Cuba ne proposait pas un meilleur accord.

Le gouvernement de Barack Obama a demandé aux entreprises américaines de conclure des contrats supplémentaires à Cuba pour consolider le rapprochement voulu par le président sortant, avant l’entrée en fonction de son successeur le 20 janvier. « Nous allons définir les actions qui seront menées dans les prochaines semaines pour approfondir le processus d’amélioration des relations », avait déclaré à cette occasion le ministère cubain des Affaires étrangères. Indiquant que des visites de haut niveau et des accords de coopération dans les domaines qui intéressent les deux pays auraient lieu. Selon des sources proches du dossier, plusieurs grandes sociétés américaines comme General Electric sont en passe de conclure des contrats à Cuba. Une dizaine d’accords seraient en négociations, dans le domaine des navires de croisière ou les voyages notamment.

En décembre dernier, les dirigeants d’Alphabet, la holding de Google ont dépêché à Cuba son président, Eric Schmidt, en vue de signer un accord de coopération avec un opérateur local pour déployer sur l’île des serveurs de Google. L’objectif final étant que les Cubains aient accès plus rapidement aux services du groupe. Selon un accord signé entre le géant américain et l’entreprise cubaine de télécommunications Etecsa, les Cubains pourront se connecter plus rapidement aux contenus de Google.

Le temps est compté pour le géant du net, l’administration Trump pouvant revenir en arrière sur l’accord historique décidé par Barack Obama. Google souhaite ainsi placer dès que possible ses serveurs dans le pays pour y gagner des milliers, puis des centaines de milliers d’utilisateurs.

L’accord permettra aux usagers à Cuba de réduire le temps d’accès aux contenus en ligne de Google en leur fournissant plus de vitesse et de qualité de service. Google a précisé qu’Etecsa pourra utiliser sa « technologie pour réduire le temps de latence en fournissant localement certains de nos contenus les plus populaires et les plus gourmands en bande passante, comme les vidéos de YouTube ». L’accord inclut l’installation à Cuba de serveurs de Google, dont le nombre n’a pas été spécifié.

Mais pour l’heure, le géant du net ne va pas s’impliquer dans le développement du réseau, seul lui importe dans un premier temps de faciliter l’accès à ses services. Internet demeure hors de prix pour la majorité des Cubains. L’île compte environ 900 cafés internet et plus de 200 points WiFi publics, où l’accès est facturé deux dollars par heure, un tarif exorbitant pour la majorité de la population, dont le salaire mensuel moyen est de 29 dollars.

Selon John Kavulich, Président du U.S.-Cuba Trade and Economic Council, pour les dirigeants d’entreprises américains, il s’agit pour l’instant, avant toute chose, de « préserver l’existant de la prochaine administration Trump ». « Les sociétés américaines ont besoin que le gouvernement cubain développe rapidement et de façon importante ses achats de produits et services et autorise une présence hautement visible des sociétés », a-t-il néanmoins déclaré.

A noter que Donald Trump a nommé le juriste Jason Greenblatt, ancien salarié de la Trump Organization, au poste de négociateur pour les questions internationales sensibles, dont fait partie le dossier cubain.

Sources : Reuters, La Tribune, AFP

Crédit Photo : E.Studer

Elisabeth Studer – 14 janvier 2017 – www.leblogfinance.com

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