Grèce : les banques inquiètent la BCE

Grèce : les banques inquiètent la BCE

L’inquiétude de Mario Draghi, patron de la BCE, évoquant l’éventualité d’une nouvelle crise financière, serait-elle liée au final à des craintes concernant la santé  financière de la Grèce  et plus particulièrement de ses banques  ?

Il est important de noter en effet que le souhait du Président de la Banque centrale Européenne de mettre en place un instrument budgétaire pour faire face aux attaques, voit le jour moins d’une semaine après la publication des résultats de tests de résistance menés sur les quatre principales banques grecques.
Or, ces derniers montrent que leurs réserves de fonds propres subiraient une forte dégradation en cas de choc économique.

Réduction de moitié des fonds propres en cas de crise

Les bilans d’Alpha Bank, Eurobank, de la Banque nationale de Grèce (BNG) et de Piraeus Bank) ont été soumis à des scénarios de crise, tels que des non remboursement de prêts ou à un recul de chiffres d’affaires. Or, la simulation a fait apparaître une “diminution moyenne” de leur ratios de fonds propres dits “durs”, les Common Equity Tier 1, “de l’ordre de 9 points de pourcentage, ce qui équivaut à 15,5 milliards d’euros”, selon la BCE.

Pour chaque établissement, cette baisse correspond quasiment à une réduction de moitié de leurs fonds propres, lesquels constituent leur matelas de secours en cas de crise. Rappelons à cet égard  que ces quatre institutions bancaires grecques font partie de quelque 120 banques de la zone euro que la BCE supervise depuis 2014.

Selon les scénarios mis en œuvre, la perte serait de 8,56 points de pourcentage pour Alpha Bank, de 8,68 points pour Eurobank, 9,56 pour BNG et 8,95 pour Piraeus Bank. La BCE précise toutefois détaille que ces résultats ne constituent pas un gage de solvabilité ou a contrario de manque de solvabilité. “Ces données serviront avec d’autres éléments à l’évaluation générale des banques”, a ainsi indiqué un porte-parole de la BCE.

Pour rappel, le ratio de fonds propres Tier 1 consiste la partie que les régulateurs considèrent comme la plus solide (le noyau dur) des capitaux propres des institutions financières.

Ces résultats “confirment que la contexte économique s’améliore de façon sensible en Grèce”, a affirmé de son côté dans un communiqué le dirigeant de Piraeus Bank Christos Megalou.  Entre verre à moitié vide ou à moitié plein …

Eventuelle prolongation du plan d’aide à la Grèce

Ces tests interviennent alors que la décision sur une éventuelle prolongation du plan destiné à soutenir l’économie grecque – lequel arrive à échéance le 20 août prochain – doit être prise prochainement par les créanciers d’Athènes.

Ils figurent parmi les éléments qui doivent permettre d’évaluer la situation économique globale de la Grèce et, in fine, de trancher sur une éventuelle prolongation des aides.

Rappelons que depuis 2010, Athènes a bénéficié de trois prêts internationaux de plus de 300 milliards d’euros au total ainsi que d’une restructuration importante de sa dette privée, moyennant la mise en place d’une très sévère cure d’austérité.

Si le programme d’aide du troisième prêt international accordé en juillet 2015 prend fin le 20 août prochain, la presse allemande laisse toutefois entendre que les créanciers de la Grèce envisageraient de prolonger le programme.

Sources : AFP, Reuters, BCE

Elisabeth Studer – 12 mai 2018 – www.leblogfinance.com

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