Grèce : Samaras refuse l’idée d’un nouveau plan de sauvetage

Non c’est non ! C’est en tout cas ce que vient d’affirmer la Grèce à ses créanciers, certes via la presse. S’exprimant dans un entretien accordé au journal allemand Bild à paraître lundi, le Premier ministre grec a Antonis Samaras en effet assuré que son pays n’avait pas besoin d’un nouveau plan de sauvetage.

Une réponse directement en rapport avec l’état financier et économique de l’Etat grec ? Des propos tenus en vue d’obtenir un allègement de la dette grecque ? l’atteinte de certains objectifs financiers autorisant – en vertu d’un accord – un tel scénario.

Volonté parallèle d’échapper au joug de la troika (UE-BCE-FMI) ? laquelle pourrait être elle-même manipulée de près ou de loin, consciemment ou pas, par des banques US telles que Goldman Sachs, alors même que Mario Draghi – le président de la BCE – figurait encore récemment parmi ses membres.

Au final, tentative de dernier espoir pour éviter qu’un véritable chaos ne frappe le pays, contexte, qui, le cas échéant, pourrait ouvrir la voie à une politique économique prônée par les Chicago Boys ? Une telle situation pourrait en effet permettre de faire adopter des mesures drastiques ouvrant la voie à ultra-libéralisme via la mise en œuvre d’une politique sociale et financière ultra-libérale, au détriment des couches les plus basses de la population. A moins que cela ne soit déjà le cas … et qu’il ne soit trop tard …

En tout état de cause, le Premier ministre grec a martelé lors de l’entretien que son pays n’avait pas besoin d’un troisième plan d’aide. Ajoutant : « nous atteignons notre objectif avec l’actuel plan d’aide, et cela fonctionne « .

Rappelons que la Grèce a été placée en 2010 sous assistance financière de la troïka, laquelle lui a accordé deux programmes de prêts d’un montant total de 240 milliards d’euros. Des sommes allouées certes en vue d’éviter la faillite grecque mais accordées en contreparties de mesures drastiques impactant lourdement la population.

Tentant de calmer l’électorat, le gouvernement affirme ne pas avoir besoin d’une nouvelle aide, tout en revendiquant l’allègement du poids de sa dette, en vertu d’engagements pris par ses partenaires européens en 2012.

Ce qu’a tenu à rappeler Antonis Samaras au journal Bild, mettant en avant un accord avec l’UE prévoyant la possibilité d’un allègement de la dette grecque, via notamment des maturités plus longues et de taux plus bas, en cas d’atteinte des objectifs, parmi lesquels un excédent budgétaire primaire. Et ce, alors qu’Athènes table sur un excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) pour 2013.

En août dernier, un responsable de la Banque centrale européenne (BCE), l’Allemand Jörg Asmussen, avait  quant  à lui laissé entendre  que la Grèce pourrait recevoir un troisième versement financier en vue d’assurer le maintien de son économie. Une aide qui serait toutefois octroyée à condition qu’Athènes respecte scrupuleusement ses engagements financiers. Des propos faisant suite à ceux du ministre des Finances allemand,  allant également dans ce sens. Lors d’une réunion électorale en vue de préparer les élections législatives, Wolfgang Schäuble, avait  en effet déclaré que la Grèce avait besoin d’une nouvelle aide budgétaire.  Position nuancée rapidement par la chancelière allemande Angela Merkel, cette dernière précisant qu’aucune décision ne serait prise avant 2014. Parallèlement, dans un entretien à un quotidien finlandais, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn avait indiqué pour sa part qu’il envisageait une nouvelle aide à la Grèce, cette dernière pouvant s’établir sous forme d’un allongement de la durée de remboursement de ses emprunts.  Fin juillet, le Fonds monétaire international (FMI) avait d’ores et déjà demandé à l’Union européenne d’étudier la possibilité de verser une nouvelle aide à la Grèce en vue de garantir la viabilité de sa dette.

Durant l’été 2013, Athènes avait tenu à rassurer ses créanciers en indiquant que le limogeage du président du fonds grec chargé des privatisations (Taiped) n’allait pas affecter son plan de privatisations auquel elle s’est engagée en échange des prêts consentis.
Le Taiped annonçant dans la foulée le lancement d’un concours international pour la cession de 100% de la société de maintenance du réseau ferroviaire Rosco, laquelle figure sur la liste des privatisations. Rappelons qu’en 2012, la société publique des chemins de fer OSE avait été scindée en deux entités : Rosco et Trainose (opérateur ferroviaire). Une opération destinée à faciliter sa cession au privé. En août 2013, le gouvernement grec a cédé pour 652 millions d’euros au consortium greco-tchèque Emma Delta, seul candidat en lice, 33% des parts de l’Etat au sein de l’Opap, une des sociétés publiques les plus lucratives.

A noter par ailleurs que selon le New York Times, un montage élaboré par Goldman Sachs aurait permis en 2001 d’aider le gouvernement grec à emprunter des milliards. Un « soutien » qui serait intervenu quelques temps après l’adhésion d’Athènes à l’Union monétaire européenne. Sous la forme d’une transaction sur devises, l’opération aurait pu ainsi être tenue éloignée des yeux du public. Une méthode qui en diminuant de facto le montant officiel des emprunts contractés par la Grèce aurait également trompé les régulateurs et les investisseurs sur la réalité de l’endettement du pays. Goldman Sachs n’ayant rien d’un philanthrope, la banque aurait rémunéré ses « services » à hauteur de quelque 300 millions de dollars. Moyennant le versement d’argent frais, le gouvernement grec aurait gentiment accepté de rétrocéder certains de ses revenus à venir, comme des taxes d’aéroports ou des recettes du loto.

Certains affirmaient également alors que des banques US pourraient tirer les ficelles, histoire de plomber la zone euro ….. et de pouvoir proposer à terme à la Grèce des emprunts à des taux prohibitifs.