Grève: le Pass Navigo remboursé en décembre et en janvier?

En colère, les usagers attendent un geste commercial, alors que le mouvement de grève contre la réforme des retraites est entré dans son deuxième mois. Tandis que le trafic reste très perturbé dans les transports, notamment à la RATP, les 2,5 millions de détenteurs d’un Pass Navigo se demandent s’ils doivent le renouveler en janvier.

Côté Île-de-France Mobilités, l’entité publique qui gère les transports de la région, il n’est pas question d’attendre la fin du conflit pour indemniser les usagers. « Tous les porteurs de titres de transports en Île-de-France doivent être remboursés de manière intégrale pour les jours de grève du mois de décembre, » estime-t-on dans l’entourage de Valérie Pécresse, la présidente de la Région et également d’IDF Mobilités. Celle-ci promet de mettre en place d’ici le 25 janvier, une plateforme commune aux deux entreprises pour gérer les indemnisations en ligne.

La RATP et SNCF convoquées

« D’une manière générale, le service a été très dégradé et les Franciliens ne comprendraient pas que la RATP ou la SNCF commencent à faire des calculs en prétextant qu’une partie du service minimum a été réalisée, » poursuit-on à la Région. Le service minimum est fixé à 50% du service aux heures de pointe. Mais il existe également, dans le contrat liant les deux entreprises à l’autorité organisatrice, une clause de remboursement en cas de « situation inacceptable », rappelle-t-on à IDF Mobilités, qui compte bien rappeler ce principe aux opérateurs. Les deux entreprises sont convoquées ce mercredi par Valérie Pécresse, et les discussions risquent d’être tendues.

Car si à la RATP comme à la SNCF, tout le monde s’accorde sur le principe d’une indemnisation des voyageurs, les modalités et le montant qui seront proposés restent encore très flous. « Transilien remboursera ses clients pour les jours où le service minimum n’a pas été assuré », expliquait Alain Krakovitch, le patron de la branche qui gère les RER et Transiliens, dès le 6 novembre, avant même le début de la grève.

Calcul de l’indemnisation à la fin du conflit ?

Oui, il y aura bien « un plan de remboursement », a assuré, dès le 13 décembre sur Europe 1, Catherine Guillouard, PDG de la RATP. « Nous prendrons en compte la réalité du service exécuté, a-t-elle expliqué. Autrement dit, le calcul de l’indemnisation sera fait sur la base du transport qui a été effectivement réalisé par les agents. » Mais ce calcul ne pourra pas être fait avant la fin du conflit, estime encore aujourd’hui la RATP.

Même si elle reconnait que les conditions de transport sont très dégradées, l’entreprise rappelle qu’elle réalise une partie du service minimum exigé. Sur 12 millions de voyageurs transportés quotidiennement en temps normal, 3 à 4 millions l’ont été en moyenne depuis le début de la crise. « Aujourd’hui, nous sommes à 40% du métro, 50% des RER, 3 bus sur 4 et une circulation quasi normale sur le réseau de tram », indique un porte-parole.

Une addition de 150 millions d’euros pour la RATP

L’addition risque d’être salée pour la RATP qui va porter la plus lourde part du coût de la grève en Île-de-France (elle pèse pour 70% des moyens de transports contre 30% pour la SNCF). Celui-ci s’élève déjà en manque-à-gagner à près de 100 millions d’euros depuis le 5 décembre, date du début du mouvement. Il faudra y ajouter près de 50 millions d’euros d’indemnisation, selon des estimations internes.
 

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