Homéopathie: Boiron demande la suspension du cours en Bourse

Le groupe français d’homéopathie Boiron a demandé jeudi la suspension de son cours de Bourse, après la fuite dans la presse de l’avis définitif de la Haute autorité de santé (HAS) sur l’évaluation du bénéfice médical des médicaments homéopathiques.

La HAS a estimé que l’homéopathie ne devait plus être remboursée par la Sécurité sociale car son efficacité n’est pas prouvée, selon son avis définitif révélé par Libération mercredi soir.

Adopté mercredi par la commission de la transparence de la HAS, cet avis définitif ne doit être rendu public que vendredi par l’organisme.

Cet avis « a été porté à la connaissance du public, avant même qu’il ne soit communiqué aux Laboratoires Boiron », qui n’en avaient « toujours pas eu communication » jeudi matin, a déploré le groupe dans un communiqué.

Denonçant « une nouvelle violation des règles de cette procédure d’évaluation qui nuit gravement à l’entreprise, ses salariés et ses actionnaires », Boiron a demandé à l’Autorité des marchés financiers (AMF) une suspension des échanges sur son titre.

Le titre restait cependant toujours actif à 10H00 (08H00 GMT), s’affichant en hausse sensible de 1,92% à 37,25 euros. Il avait ouvert en repli d’environ 1,3% à 36,10 euros.

La conclusion très attendue de la Haute autorité, qui confirme un avis provisoire rendu mi-mai, marque la fin du processus d’évaluation scientifique de l’homéopathie. Mais elle ne conclut pas le débat sur son déremboursement, puisqu’il revient désormais au gouvernement de prendre la décision.

La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a cependant affirmé à plusieurs reprises qu’elle suivrait l’avis de la Commission de la transparence de la HAS.

Interrogée jeudi sur France 2, Mme Buzyn a indiqué n’avoir pas encore reçu, elle non plus, l’avis de la Haute autorité sur la santé.

« Aujourd’hui mon urgence est de gérer la canicule et son impact, je pense que la décision peut attendre encore quelques jours (…) Les décisions sur le déremboursement des médicaments peuvent se prendre quelques jours ou quelques semaines après l’avis de la Haute autorité de santé », a-t-elle ajouté.

Certains médicaments homéopathiques sont remboursés à 30% par la Sécurité sociale à la faveur d’un régime dérogatoire, leur efficacité n’ayant pas été évaluée scientifiquement jusqu’à présent.

L’an dernier, le remboursement de l’homéopathie a représenté 126,8 millions d’euros sur un total d’environ 20 milliards pour l’ensemble des médicaments remboursés, selon l’Assurance maladie.

Un déremboursement serait un coup dur pour les laboratoires Boiron, leader mondial du marché, qui réalisent 60% de ses ventes en France sur des produits homéopathiques remboursables.

En cas de déremboursement, le groupe lyonnais anticipe une baisse de 50% des ventes sur ses produits remboursables la première année, puis de nouveau 50% la deuxième.

Selon le maire de Lyon, Gérard Collomb, environ un millier d’emplois seraient menacés dans la région.

Challenges en temps réel : Économie