Investir dans les PME pour réduire son premier IFI

Un dernier pour la route ! Le projet de loi de finances 2018, qui remplace l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) par l’Impôt sur la fortune immobilière (IFI), a finalement accordé une dernière réduction aux contribuables qui seront éligibles à l’IFI l’an prochain et qui investissent dans les PME. A la seule condition de le faire avant ce 31 décembre. Une bonne nouvelle pour ces Français, qui seront moins nombreux que les anciens contribuables à l’ISF : 150.000 à 180.000, contre environ 350.000. « Mais il n’y a pas à hésiter pour ceux qui resteront imposés à l’IFI l’an prochain : la réduction d’impôt est plus importante pour les fonds éligibles ISF/IFI que pour ceux dédiés à l’Impôt sur le revenu (IR) », souligne Eric Girault, PDG de mesplacements.fr.

En effet, la réduction ISF associée à un Fonds d’investissement de proximité (FIP) ou à un Fonds commun de placement dans l’innovation (FCPI) peut monter jusqu’à 50% (avec un plafond de 36.000 euros, soit 18.000 euros d’économies d’impôts) alors qu’elle n’est que de 18 % (réduction maximale de 4 320 euros pour un couple) pour l’IR. « Même si cette réduction se justifie tout à fait au vu des contraintes d’investissement, il faut regarder la performance des fonds déjà liquidés hors avantage fiscal », précise José Fernandez, directeur de l’offre financière de l’UFF. Car, sans lui, la majorité des fonds existants (plus de 900 FIP et FCPI ont été créés en une vingtaine d’années) serait dans le rouge, même si certains sont parvenus à plus que doubler la mise.

LES FIP

Depuis leur création en 2003, les FIP ont pour mission de financer le développement des PME régionales. Mais cette année, avec la suppression de l’ISF, l’offre s’est considérablement réduite, notamment pour les fonds permettant la dernière réduction ISF (applicable sur l’IFI 2018). « Les sociétés de gestion ne voulaient pas prendre le risque de se retrouver avec des fonds trop peu souscrits, vu les frais et les contraintes qu’ils engendrent », analyse un conseiller en gestion de patrimoine. Car les FIP doivent être investis en majorité (au moins 60%) dans des entreprises non cotées situées dans une zone définie (entre une et quatre régions limitrophes), pour une durée d’au moins cinq ans. Les entreprises choisies doivent avoir moins de sept ans, réaliser un chiffre d’affaires de moins de 50 millions, et employer moins de 250 personnes.

Pour les contribuables non imposables à l’IFI, les FIP permettent aussi de réduire l’impôt sur le revenu, mais de seulement 18% (à partir de 2018, les députés pourraient le faire passer à 25 ou même 30%), à moins de choisir des FIP investis en Corse (depuis 2007) ou en outremer (depuis 2009), qui font grimper la réduction d’impôt à 38%, soit presque autant que la réduction de 45 à 50% de l’ISF/IFI. Mais il ne faut pas oublier un détail : les réductions d’IR obtenues entreront dans le plafonnement des niches fiscales (10.000 euros par an), contrairement aux réductions ISF/IFI.

LES FCPI

Ces fonds permettent aux particuliers d’investir dans des entreprises innovantes en échange d’une réduction d’impôt identique au FIP. Elles comportent une part de risque plus importante, mais avec un potentiel de croissance plus forte. La diminuation d’impôt (entre 40 et 50%) dépend du taux d’investissement en PME éligibles, qui peut aller de 80 à 100%. La durée d’investissement (six ou sept ans) peut être allongée en théorie d’un à deux ans, mais peut parfois durer plus de dix ans dans les faits. Car le FCPI compte trois périodes : la phase d’investissement, où le gérant du FCPI sélectionne entre 10 et 20 entreprises prometteuses, puis le développement, et enfin l’entrée en liquidation où le fonds doit vendre ses participations. « Cette phase peut prendre du temps pour pouvoir céder ses lignes au bon prix, sans brader pour pouvoir rembourser les souscripteurs », avertit José Fernandez. Les FCPI sont d’ailleurs parfois remboursées en plusieurs échéances. Pour gagner en liquidité et réduire les durées de détention, les sociétés de gestion mixent les investissements en capital et en obligations convertibles et investissent dans des entreprises cotées, par définition plus liquides.

Pour faire leur choix, les souscripteurs peuvent vérifier l’historique des performances des précédents fonds commercialisés par les sociétés de gestion. « Nous n’avons que 2 fonds sur 23 où nos clients ont perdu de l’argent, et nos performances sont régulières », commente Jean-David Haas, président de Nextstage. Attention aux performances des fonds non échus, car les valorisations intermédiaires peuvent s’enflammer ou dégringoler rapidement, sans que cela ne présume de la valorisation finale, mais on peut comparer les fonds plus anciens de différentes années et de différentes sociétés de gestion. Et il ne faut pas hésiter à cumuler plusieurs fonds pour diversifier les risques. Enfin, ayez un oeil sur les frais parfois élevés…

LES HOLDINGS ISF

Lors des discussions sur la loi de finances 2018, les députés ont déposé un amendement pour proroger aussi jusqu’au 31 décembre le cadeau fiscal de 50 % pour les investissements en direct dans les PME, en plus des FIP et des FCPI. Avec un avantage de taille : dans ce cas, le plafond d’investissement monte jusqu’à 90.000 euros, soit 45.000 euros de réduction d’impôt. Certaines sociétés de gestion, comme 123 IM ou Novaxia, proposent des holdings ou des clubs deals à leurs clients les plus fortunés pour investir, en garantissant en plus le remboursement des souscriptions si cette disposition de la loi de finances n’était pas retenue dans le texte final. De quoi profiter au maximum de la dernière réduction d’impôt avant le big bang de l’IFI !

 

Notre sélection de FIP-ISF/IFI

Nom : Conviction II (Nestadio Capital)

Code isin :FR0013196938

Durée de détention : de 6 à 9 ans.

Souscription minimum : 500 euros. Ce FIP, éligible à la fois à l’IR et à l’ISF, investit dans les PME non cotées des secteurs traditionnels et innovants du Nord-Ouest (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Centre) et d’Ile-de-France.

Nom : Industrie &Croissance 2017 (A Plus Finance)

Code isin :FR0013238862

Durée de détention : de 7 à 9 ans.

Souscription minimum : 1 000 euros. A Plus finance a choisi de cibler pour ce FIP des industries de pointe sur des secteurs arrivés à maturité et basées en Ile-de- France, Centre-Val de Loire, Pays-de-la-Loire et Bretagne.

Nom : Rayonnement France (ExtendAM)

Code isin : FR0013213071

Durée de détention : de 6,5 à 8,5 ans.

Souscription minimum : 1 000 euros. Ce FIP, géré par Extend AM et proposé par les réseaux UFF, se concentre sur le « savoirfaire français », c’est-à-dire les PME des secteurs du luxe, de la mode, du tourisme, de la gastronomie…

Nom : Rendement Bien-être N°4 (Sigma Gestion)

Code isin : FR0013222098

Durée de détention : de 6 à 9 ans.

Souscription minimum : 1 000 euros. Investis dans des entreprises d’Ile-de-France, de Bourgogne, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes, ce fonds sélectionnera des PME répondant aux besoins liés à l’enfance et aux seniors.

Notre sélection de FCPI éligibles à l’ISF/IFI

Sources: Quantalys

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