Investissement des banques dans les matières premières : la Fed resserre l’étau

L’étau se resserre autour des banques et de leurs activités dans les matières premières. Alors qu’au début du mois, la Réserve fédérale (FED) avait suggéré que les banques ne puissent plus physiquement faire des investissements dans les matières premières et que l’OCC (Office of the Comptroller of the Currency) avait proposé d’interdire aux banques d’échanger et d’investir dans les métaux industriels ou commerciaux, la Fed a annoncé vendredi qu’elle souhaitait demander aux banques ayant des activités dans les matières premières présentant des risques potentiellement catastrophiques pour l’environnement d’augmenter leurs fonds propres.

Selon un représentant de la banque centrale, via cette proposition réglementaire, la Fed plaide pour que les institutions financières renforcent leurs besoins en capitaux propres de près de 4 milliards de dollars.

Objectif affiché par la Réserve fédérale : « mieux couvrir les risques légaux, liés à leur réputation et à leur situation financière qui dérivent de ces activités, particulièrement celles pouvant conduire à une catastrophe environnementale ». On croit rêver, la Fed qui s’intéresse à l’environnement …. à moins que cela soit un moyen détourné pour trouver une raison politiquement correct pour tenter d’éviter les manipulations de cours opérées par certains établissements financiers …. lesquels ont su placer des membres influents dans les couloirs du pouvoir et des hautes instances , la sulfureuse banque Goldman Sachs n’étant pas la dernière à suivre de telles pratiques …

Si au début du mois, étaient particulièrement visées les transactions liées au cuivre et à l’aluminium, désormais sont particulièrement visées les activités concernant les hydrocarbures, afin nous dit-on
d’éviter qu’en cas de catastrophe, les obligations légales et financières ne plombent les institutions financières.

Un responsable de la Fed a ainsi pris pour exemple l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, qui en 2009, avait provoqué une très grave et onéreuse pollutions pétrolière.

Ces nouvelles mesures, que la profession a un délai de trois mois pour commenter, ciblent particulièrement les banques Goldman Sachs et Morgan Stanley ont d’importantes activités dans l’extraction, le stockage, le transport et l’échange de matières premières, secteur pour lesquels elles bénéficient d’une dérogation leur octroyant des facilités fort avantageuses.

Pour les deux géants de la finance, les nouvelles exigences de la Fed en terme de capital – si elles sont retenues – les contraindront à observer un ratio de capitaux propres de 1.250% des risques liés à ces actifs énergétiques, soit l’équivalent d’un dollar pour un dollar d’investissement.

Pour une autre douzaine d’établissements, plus engagés dans le commerce des hydrocarbures que dans leur extraction et exploitation, l’exigence de capitaux équivaudra à une pondération de 300% des risques liés à ces matières premières.

Si début septembre, la Fed et deux autres régulateurs, la FDIC et l’OCC, avaient déjà demandé dans un rapport au Congrès d’interdire que les banques d’investissements se livrent à des activités dans le domaine des matières premières, il est toutefois peu probable que le Congrès vote une telle mesure dans les mois qui viennent.

Elément dont les conséquences financières pourraient avoir une large ampleur : parmi les nouvelles règles proposées par la banque centrale, figure notamment la reclassification du cuivre comme un matériau industriel et non comme un métal précieux que les banques peuvent stocker et échanger comme l’or.

La Fed réclame enfin davantage de transparence de la part des institutions détenant et gérant ces actifs énergétiques et matériaux industriels, en exigeant qu’elles publient des rapports accessibles au public sur ces activités.

Elisabeth Studer – 23 septembre 2016 – www.leblogfinance.com

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